• Chapitre 1

     

    La rage avait atteint un point de non-retour. Il ne supportait plus les exigences de son éditeur. Il n’était pas une poule pondeuse. Il avait toujours écrit selon ses envies sans contrainte, avec passion. 

     

    Deux ans auparavant, la maison d’édition dont Luce Oda envoyait ses manuscrits sous le pseudonyme de Saphir Yellow avait changé de Direction. Et depuis, les dirigeants lui cherchaient des noises. Son contrat stipulait qu’il avait toujours le droit de regard sur son œuvre, que l’entreprise n’avait aucunement le droit de changer quoi que ce soit sans son avis. 

     

           Dans les faits, la maison d’édition ne servait qu’à vendre son produit. Il avait réussi à garder sa totale liberté grâce à Juntsou Fumiya, le compagnon de Daisuke Oda, un cousin de son père. Mais, cette nouvelle direction cherchait à lui voler cette liberté par tous les moyens, comme elle le faisait avec les autres auteurs. 

     

           Aujourd’hui, elle avait gagné une chose. Luce venait de rompre leur contrat avec perte et fracas. Elle avait cru pouvoir lui faire des misères, mais mal lui en a pris. Elle avait oublié une chose importante. Luce Oda était le compagnon de vie d’un homme dont l’influence ne touchait pas que ses sociétés. Si l’envie d’Erwan Miori était de ruiner une petite maison d’édition, il y arriverait sans faire trop d’effort.

     

           Les avocats de la Miori Corporation firent un excellent travail. Luce put rompre son contrat sans problème. Pour le moment, il auto publierait ses livres s’il le fallait. Ce n’est pas cela qui le rebouterait. Il savait qu’il aurait de l’aide avec son immense famille. Et puis, ces livres se vendaient toujours comme de petits pains grâce à ses innombrables fans. Parfois, il se demandait si les gens les achetaient pour les histoires ou pour les dessins. 

     

           Depuis le début de son aventure dans l’écriture, son père Carlin lui faisait les dessins. Carlin était considéré comme un génie de la peinture. Il pouvait dessiner tout ce qu’il lui passait en tête ou une image qu’il avait à peine vue. Souvent les peintures reflétaient des émotions ou des sensations tellement fortes qu’elle mettait mal à l’aise ou rendait heureux juste en les observant. 

     

           Arrivée sur la place de parking où sa voiture l’attendait, Luce prit le temps de remercier encore une fois les deux hommes habillés en costume noir pour leur aide précieuse. Les deux avocats répliquèrent juste que c’était leur travail et ils aimaient le faire sérieusement et efficacement. 

     

           Luce les observa partir pendant un long moment puis il se souvient du message reçu peu avant son départ de la maison. Il fronça les sourcils un instant. Devait-il se rendre sur le lieu indiqué ? N’était-ce pas dangereux ? Il devrait pourtant avoir peur et aurait dû le signaler à la police. Mais pour une raison inconnue, il ne voulait pas mêler la police avec cette personne. 

     

           D’un : la connaissant assez, elle serait capable de s’échapper sans aucun problème. De deux : ce serait mettre des vies humaines en danger. Elle lui avait promis qu’il ne risquait rien. Pourquoi la croyait-il ? Elle avait pourtant déjà tenté de le tuer, dix-huit ans auparavant. 

     

           Luce se passa une main dans ses cheveux noirs. Il se décida enfin à bouger. Il laissa sa voiture à sa place et il se dirigea vers la route. Après avoir regardé autour de lui, il traversa pour pénétrer dans l’immeuble en face du parking. Était-ce une coïncidence que le lieu du rendez-vous se trouvait précisément près d’un lieu où il devait se rendre ? Luce ne le croyait pas surtout avec cette femme. 

     

           Le bâtiment était un vieil immeuble un peu délabré. Il était prévu d’être démoli dans l’année qui suit. Les habitants de l’immeuble attendaient gentiment leur nouveau logement en construction un peu plus loin. Ils n’avaient aucune crainte d’être jetés à la rue. 

     

           Luce grimpa les deux étages et stoppa devant la porte face aux escaliers. Après une hésitation, il frappa. Il entendit une voix féminine un peu grave lui ordonnant d’entrer. Il obéit. Il plissa les yeux face à la luminosité de la pièce. 

     

           Il jeta un regard autour de lui. Les murs avaient vu de jours meilleurs. La tapisserie tombait en lambeau. Une immense fenêtre éclairait toute la pièce, mais elle mériterait un bon lavage. Les rideaux sales tenaient par miracle. Quant à la décoration, elle laissait tout autant à désirer avec dans un coin un canapé troué, une table, dont un pied manqué et un téléviseur couvert de poussière. 

     

           Luce remarqua tout de même une sorte de panière sur le canapé. Il se demandait ce que cela pouvait être, car il voyait bouger, mais la luminosité était trop forte pour voir correctement. 

     

           Un mouvement sur sa gauche lui fit tourner son visage vers l’endroit. Une silhouette mince apparut sur son champ de vision. Son corps se raidit. Il sentait le danger. Cette silhouette appartenait à Saphira Folker, une psychopathe connue des services de police à travers le monde. Elle était aussi son bourreau.

     

           La femme se rapprocha afin d’être plus visible. Elle avait une taille moyenne, mince et une chevelure blonde attachée en queue de cheval. Elle portait un pantalon treillis avec des bottes en cuir et un tee-shirt à bretelle montrant ainsi sa fine musculation. En calculant un peu, elle devait avoir dans les quarante-cinq ans. Elle ne les paraissait pas le moins du monde et sa dangerosité était belle et bien présente tout comme sa beauté. Dire que cette femme était née homme. Personne ne le croirait en la croisant. 

     

           — Bonjour, Luce. Je vois que tu te portes comme un charme.

     

           Le jeune homme tressaillit en entendant la voix. Il ferma son poing pour l’empêcher de trembler. Saphira ne se gêna pas pour observer de la tête aux pieds son ancienne victime. Quand il avait seize ans, il ressemblait déjà à un ange, maintenant à plus de trente-quatre ans, il le paraissait toujours. Elle eut un sourire. 

     

           — Tu es toujours mon écrivain préféré. J’ai lu tous tes livres. J’espère que malgré ta mésaventure avec ta maison d’édition, tu ne vas pas t’arrêter.

     

           — Ravi si mes lectures te plaisent. Pourtant, tu as bien failli écourter ma carrière. 

     

           — Oui, n’est-ce pas ? Je pourrais te dire que je le regrette, mais tu ne me croirais surement pas. Ce n’est pas bien grave de toute façon. Je n’ai aucune excuse pour tout le mal que j’ai causé. 

     

           Luce ne la quittait pas du regard tout comme elle. Ils se défiaient pour savoir lequel céderait en premier. 

     

           — Tu es toujours recherché, Saphira. Pourquoi avoir pris le risque de revenir dans le coin ? Et surtout d’avoir pris contact avec moi ?

     

           Saphira détourna le regard en premier. Elle se dirigea vers la fenêtre. Elle jeta un coup d’œil rapide sur la route. Elle ne craignait rien, mais elle avait pris l’habitude. Elle soupira. D’un geste, elle montra le canapé où se trouvait la panière. 

     

           Intriguée, Luce se dirigea vers l’endroit indiqué. Il eut un sursaut en apercevant deux bambins endormis. Quels âges devaient-ils avoir ? Il jeta un coup d’œil vers la femme. Elle regardait toujours à l’extérieur. Luce plissa des yeux. 

     

           — Attends-tu quelqu’un d’autre, Saphira ? 

     

           Elle se retourna d’un coup vers lui avec un sourire en coin. Mais avant qu’elle puisse répondre, la porte de l’appartement s’ouvrit en laissant passer trois personnes. En croisant le regard d’un bleu saphir, Luce grimaça. Il en entendrait parler de son imprudence pendant longtemps. Luce jeta un coup d’œil surpris sur les deux autres personnes. Il fut surpris d’y voir ses pères. 

     

           Erwan, toujours en silence, se dirigea vers son homme. Il avait envie de lui remettre le cerveau en place pour avoir obéi à cette meurtrière. Mais, les mots s’échappèrent en apercevant les deux enfants endormis. 

     

           — Qu’elle est cette mascarade, Folker ? demanda Carlin, d’un ton sec.

     

           Malgré son âge, Carlin gardait toujours sa prestance et surtout son aura perturbait toujours autant. Saphira croisa les bras avec un léger sourire. Elle finit par prendre la parole. 

     

           — Je vois que vous avez tenu parole et en plus félicitation, pour votre ponctualité.

     

           — Et si vous arrêtiez de jouer. Pourquoi nous avoir fait venir ? ordonna Erwan. 

     

           — Miori, je ne suis pas un de vos subordonnés alors veuillez me parler sur un autre ton. 

     

           Erwan grinça des dents. Luce lui toucha l’épaule pour le calmer. Saphira jeta un dernier coup d’œil dehors. Midi approchait à grands pas. Elle soupira un bon coup et expliqua :

     

           — Je vous ai réuni à cause d’eux. 

     

           Tous les regards se portèrent alors vers les deux bambins. Renko et Carlin se rapprochèrent également pour les observer. Les deux enfants ne devaient pas être frère. L’un était brun aux yeux gris nuageux alors que le deuxième était plus typé avec ses yeux bridés aux yeux sombres et ses cheveux noirs et une peau très blanche. 

     

           Carlin se troubla en observant celui-ci. Il avait l’impression de se voir bébé. Sa mère l’avait tellement immortalisé. Il en avait gardé l’album et il s’amusait de temps à autre à le regarder surtout quand sa mère lui manquait. 

     

           L’un d’eux remua et la couverture descendit. Ils purent ainsi voir leurs petites mains. Les deux bambins se tenaient la main. Luce fut attendrie, mais son regard se durcit en apercevant la cicatrice sur le bras du petit brun. Il agrippa le bras de son homme.

     

           — Qui sont-ils ? demanda Erwan, d’un ton moins sec.

     

           — Des expériences. 

     

           — Quoi ? s’exclamèrent d’une même voix les quatre hommes. 

     

           Le ton surprit les enfants. Celui à la chevelure noire se mit à râler. Carlin, malgré son malaise, s’approcha aussitôt d’eux. Il se laissa tomber sur le canapé et posa directement une main sur le crâne de l’enfant. Celui-ci leva ses yeux sombres. Il se mit à sourire montrant ses petites quenottes avant de se redresser du mieux qu’il put sans lâcher la main de son camarade. Le petit brun se redressa aussi. Carlin les aida à les maintenir afin d’éviter qu’ils chavirent. 

     

           Le brun regardait autour de lui. Il n’était nullement effrayé par les inconnus. Il aperçut alors la blonde. Il sourit. Il lui fit un coucou de la main. Luce en fut stupéfaite. Les enfants ne semblaient pas se rendre compte de l’aura mauvaise de Saphira.

     

           Celle-ci secoua la tête. Elle n’avait jamais été tendre avec eux. Elles les avaient même un peu brusqués, non pas par plaisir, mais à cause des conditions. La fuite n’avait pas été facile. Pourtant aucun d’eux n’avait peur d’elle. Ils lui réclamaient des câlins et si elle refusait, ils ne s’en offusquaient pas. 

     

           — Ne soyez pas si surpris. Ces enfants sont le fruit d’un détraqué voulant créer des soldats intelligents. Il y avait tout un labo avec d’autres gosses comme eux. La plupart sont morts ou à moitié en vie.

     

           Un frisson d’horreur traversa le corps de Luce. Il n’osait pas imaginer. Il ferma un instant les yeux. Puis, il se pencha pour attraper le petit brun. Celui-ci ne disait rien. Il observait juste cette nouvelle personne. Puis, il posa sa petite main sur la joue comme une caresse. 

     

           — Naël ressent les émotions. Il sent facilement quand une personne est triste ou en colère, mais aussi si celle-ci est heureuse.

     

           — Bonjour Naël, murmura Luce au petit. 

     

           L’enfant pencha la tête et sourit montrant également ses quenottes. Erwan observa longuement son homme avec l’enfant. Le petit brun l’intriguait. Il avait vu la marque sur le bras droit, mais c’était surtout la marque de naissance sur la main qui l’intriguait. Son père Youji avait la même sur son épaule gauche. Sa sœur Maddy l’avait également sur sa hanche gauche et sa tante Lina lui avait dit l’avoir sur sa fesse gauche. C’était trop étrange pour une coïncidence. 

     

           — Vous dites que ce sont des expériences, mais comment ? demanda Renko en se tournant vers Saphira. 

     

           — Cet enfoiré a volé de l’ADN et du sperme sur plusieurs personnes à travers le monde. Cela fait déjà des années qu’il a commencé ces expériences. Mais il a toujours raté jusqu’à maintenant. Les enfants ne survivaient pas à toutes les tortures que cet homme leur faisait subir depuis leur naissance. Il enlève de jeunes orphelines oubliées du monde et les engrosse par fécondation in vitro. Après l’accouchement soit il se débarrasse des filles, soit il les engrosse à nouveau soit il les donne en pâture à ses hommes de main.

     

           — Mon Dieu ! Pauvres enfants… s’indigna Carlin. 

     

           — Pour avoir leur docilité, il les drogue. Et je vous préviens la drogue rouge du dragon n’a pas totalement disparu. Tant que cet homme sera en vie, elle risque de revenir. 

     

           — Merde ! N’en finira-t-on jamais avec elle ? S’emporta Luce. 

     

           Naël posa à nouveau sa main sur sa joue. Luce se calma aussitôt. 

     

           — Bien, maintenant on en sait un peu plus, mais cela ne nous dit pas ce que tu veux de nous. 

     

           — Et on dit que tu es très intelligent Miori, taquina Saphira. 

     

           Elle le vit grincer des dents et le regard bleu se durcir. 

     

           — Il leur faut des parents dignes de ce nom pour les élever. J’ai pensé à vous. 

     

           — C’est gentil Saphira de penser que nous serons de bons parents pour ces petits, mais je suppose qu’il y a une autre raison à cela. 

     

           Saphira récupéra des documents sur la table bancale et les tendit. Renko les prit et lut. Il leva les yeux vers la femme. Elle prit aussitôt la parole. 

     

           — Les papiers sont authentiques. J’ai déclaré ces gosses comme ceux de Luce Oda. 

     

           — Hein ? s’exclama de stupeur Luce.

     

           Erwan attrapa de justesse le petit Naël. Luce s’en voulut. Il se mordit la lèvre de sa maladresse. 

     

           — C’est quoi cette connerie, Folker ? s’enquit Erwan, d’un ton impératif.

     

           — Je devais les protéger. Et puis, il y a également une chose importante que vous devez savoir sur ces deux enfants. Ils ont un lien direct avec vous. 

     

           — Pardon ? 

     

           Carlin se redressa en tenant le deuxième enfant. Il s’approcha de son homme. Renko ressentait le malaise de Carlin. Celui-ci fixait Saphira sans cligner des yeux comme il le faisait souvent. Même si Saphira connaissait cette manie, elle se sentait mal à l’aise. Elle se troubla. Carlin lâcha :

     

           — Ce petit est mon fils, pas vraie Saphira. 

     

           Les trois autres présents se tournèrent d’un même mouvement vers celui qui parlait. Que venait-il de dire ? 

     

           — Je me disais bien que vous le remarqueriez. Oui, votre ADN a été volé il y a quelque temps. Il a été utilisé plusieurs fois ainsi que celui d’autres hommes importants dans ce bas monde. 

     

           Carlin se troubla en entendant la réponse. Il ferma les yeux un instant. 

     

           — Pourquoi le mien ? Je ne suis pas quelqu’un d’aussi important. Je suis juste un peintre. 

     

           — Alors là vous me posez une colle. Je n’en ai pas la moindre idée. Mais après, vous êtes connu pour être un génie de la peinture et votre père avait une réputation d’enfoiré. 

     

           — Et pour l’autre petit ? 

     

           Saphira jeta un œil vers Naël se trouvant maintenant dans les bras d’Erwan Miori. Elle avoua :

     

           — D’après ce que j’ai pu trouver, le père est August Miori. 

     

           Erwan se redressa d’un coup. C’était impossible. Son grand-père était décédé depuis plusieurs années. Comment aurait-il pu avoir son ADN ?

     

           — Ne me regardez pas ainsi, Miori. Je n’en sais pas plus. Je sais juste qui sont les pères biologiques de ces enfants. Et pour les avoir, j’ai risqué ma vie. Là, seule chose que je voulais, étaient récupérées les gamines que ce monstre avait enlevées. Elles n’ont pas voulu partir sans eux. Maintenant, elles ne sont plus là. Alors, je vous en prie, prenez soin d’eux. Je ne peux pas le faire et vous savez très bien pourquoi.

     

           — Carlin ? murmura Renko en posant une main sur l’épaule de l’homme. 

     

           — Je vais bien, Ren. Je suis juste un peu sonné par la nouvelle. 

     

           Il se tourna vers son fils. Il le voyait troubler, mais il tenait la petite main de Naël entre les siennes. 

     

           — Et bien, mon fils te voilà avec deux garçons à élever.

     

           — Hein ? Pourquoi moi ? Papa, j’en serais bien incapable. J’ai déjà du mal avec moi-même. 

     

           — Ne sois pas stupide ! Tu ne seras pas seul. Nous sommes là et puis Erwan a l’air d’avoir été adopté. 

     

           L’homme en question grimaça, mais son beau-père avait bel et bien raison. Il se sentait attendri face à cette bouille d’ange. D’un seul coup, le petit dans les bras de Carlin remua et se mit à baragouiner sérieusement. Renko, attendri, lui caressa la joue. Il finit par dire. 

     

           — Et comment se nomme ce petit diablotin ?

     

           — Michio. Et si un jour, vous voulez lui donner le nom de sa mère, c’était Samira, une petite peste à l’allure de petite fée. Pour Naël, elle s’appelait Hannah, une vraie petite rebelle à la voix envoutante.

     

           — Je retiens. Je ferais en sorte qu’ils le sachent un jour afin qu’ils ne les oublient pas. As-tu des photos d’elles ? 

     

           — Pas sur moi. Mais, je vous en enverrais en temps et en heures si je suis toujours en vie. Je vais partir en premier si cela ne vous dérange pas. 

     

           Saphira Folker jeta un dernier regard aux quatre hommes et aux deux bambins. Elle avait fait le bon choix. Elle ne pouvait pas accéder à la demande de Samira.

     


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