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OOM_Entre amis (acc guitare, bottle, cahier crayon).zip
Même si elle n'a rien à voir avec le côté entre ami XD
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Chapitre 11
L’angoisse, toute la maisonnée se trouvait avec cette sensation, voire agaçante et glaçante, à ne pas retrouver les enfants et la femme kidnappés. Chaque membre du clan, hommes ou femmes, cherchait dans chaque recoin, dans chaque endroit possible et inimaginable afin de retrouver non seulement les deux enfants de leur chef, mais également la femme et le fils du bras droit.
La police finit également par arriver avec à sa tête l’inspecteur Lao Cheng. Celui-ci prit le contrôle ayant l’habitude de la famille Bào et leur manière de travailler. Il savait d’avance que s’ils étaient ceux qui trouvaient les coupables en premier, il y aurait un massacre. Il avait intérêt à mettre tout son savoir-faire pour éviter cet évènement.
L’inconvénient, il semblait que l’enlèvement de Qiang Bào, Shan-Yu Wei et Aya Wei n’avait rien à voir avec celui de Jian Bào. Pour Cheng, il craignait pour la vie des trois premiers. Il était certain de savoir qui était l’instigateur de l’enlèvement. Il devait s’agir du tueur en série, celui qui quelques années auparavant avait assassiné Zhen-Yi, la première femme de Meng Bào.
Mais, pour Jian Bào, il ne voyait pas vraiment qui serait assez capable d’enlever le jeune fils de Meng et Jiao Bào. Pour quelle raison ? Une rançon ? Alors, ils auraient déjà dû avoir des nouvelles depuis son enlèvement. Trois heures venaient de passer sans aucune information à son sujet.
Ces deux enlèvements simultanés étaient à s’arracher les cheveux. Cheng se félicitait d’ailleurs de s’être rasé le crâne, parce que subir sans broncher le regard d’une froideur extrême du maître des lieux était des plus angoissant au possible.
Jiao tremblait de tout son être de douleur, de rage. Elle s’était enfermée dans son sous-sol, entouré de ses créatures. La plus venimeuse du lot venait de s’être positionnée sur son épaule près de sa jugulaire, pour être plus précise. Mais, elle n’était pas là pour faire du mal. Elle se trouvait là pour réconforter cet humain. La femme avait fermé les yeux, se laissant couler dans la transe. Elle se doutait de la raison de l’enlèvement de son fils, l’ayant subi dans son enfance. Elle avait peur pour lui. Pendant toutes ses années, elle avait vraiment pensé que cette secte avait été éradiquée, mais si c’était juste un leurre alors elle pouvait craindre le pire.
Fang n’en pouvait plus d’attendre. L’ordre avait été de rester là à laisser la police faire son travail, mais il s’en foutait. Sa femme et son fils étaient en danger. Il ne pouvait pas rester à ne rien faire. Il s’inquiétait également pour Qiang et pour Jian. Ces enfants, il les avait vu grandir. Il les aimait comme il aimait le sien. Il savait que son patron, son ami se trouvait dans le même état. Meng n’était pas le genre à rester les bras croisés.
Ces hommes travaillaient dans l’ombre et même s’il montrait un visage impassible, tout comme le jeune Li à ses côtés, il n’en menait pas large en réalité. Une rage contenue se trouvait en surface prête à éclater à n’importe quel moment. Fang croisa le regard sombre de son chef. Il n’eut pas besoin de plus comme autorisation. Le grand chinois sortit du bureau pour se rendre sur les lieux de l’enlèvement en premier lieu.
Il monta rapidement dans son véhicule avant que le collègue de Cheng, Ryohei Mao ne lui interdise de partir. Personne ne l’empêcherait de mener lui-même l’enquête. Il se rendit assez rapidement sur les lieux, ne faisant pas attention à la limite de vitesse.
Quand il apparut devant le véhicule de sa femme, il fut interpellé par un de ces hommes. Celui-ci lui expliqua tout ce qu’il savait. Fang grinça des dents en apercevant le médecin légiste, le même ayant accusé les Bào d’être responsables de la mort de Zhen-Yi. Celui-ci se releva et il se tourna vers le géant. Il grimaça.
— Fang Wei, ça fait longtemps que nous nous sommes vus.
— Wong Tan, c’est ça ? J’aurais préféré ne jamais vous revoir.
— C’est réciproque. Mais comme vous êtes là, je suppose que vous voulez des renseignements. Le chauffeur a été tué avec une précision chirurgicale. Il n’y a même pas une éclaboussure, un vrai pro. Mais, il n’a pas été tué ici. Notre tueur a dû conduire la voiture ici, l’a ensuite installé avant de partir. Alors ? Comment vos hommes n’ont-ils rien remarqué alors qu’ils les suivaient ? Ça, c’est votre boulot. Je vous donne juste mon avis. Il y a également une sorte d’odeur dans l’habitacle. Elle ne fait plus effet, mais je pense que les passagers ont dû être endormis solidement.
Fang écoutait le médecin légiste d’une oreille attentive. Il se passa une main sur le visage, inquiet. Il finit par se tourner vers la sortie de la ruelle, observant les passants quand son portable se mit à sonner. Il le sortit de l’arrière de son jean. Il regarda sa messagerie et il resta un instant interdit. Une photo de sa femme venait de lui être envoyée, le visage en larmes, totalement terrifié. Fang serra son portable au risque de le briser par sa force. Un autre message apparu « Zhen-Yi ».
Fang fronça les sourcils avant de saisir en entendant la voix du médecin légiste.
— Wei ? Vous allez bien ? Quelque chose ne va pas ?
Inspirant un bon coup, Fang se retourna vers l’homme.
— Non, tout va bien. Ma femme, mon fils et les deux fils de mon chef ont disparu, mais tout va bien. Vous avez d’autres questions aussi stupides en réserve. Tan ?
Sur ces mots, Fang se dirigea vers sa voiture s’en voulant un peu d’avoir passé ses nerfs sur le policier, mais il n’avait pas le temps de s’excuser. Il reprit la route vers le port, à l’endroit précis où le corps de Zhen-Yi avait été retrouvé il y a de cela un peu plus de quatre ans. Il avait le cœur battant la chamade, les mains moites. Il craignait le pire. Il avait toujours pensé être dur et insensible pouvant tenir le coup à ce genre d’imprévu. Mais, il réalisa à quel point c’était utopique d’avoir seulement imaginé l’être.
Il stoppa sa voiture dans un crissement de pneu. Il descendit rapidement pour se rendre en direction du bateau de taille moyenne, avec une cabine cachant l’intérieur. Sur le ponton, il aperçut alors la silhouette de sa femme tenue par la taille et par la nuque par un homme dont le visage était caché par un masque de clown.
Aya le fixait le visage ravagé par les larmes. Elle tremblait de tout son être, mais elle se savait condamnée. Elle l’avait su dès qu’elle avait ouvert les yeux et croisé ceux du clown. Pourquoi sa vie avait-elle été si pourrie ? Depuis sa naissance, elle avait été prédestinée à une vie misérable. Fang lui avait offert un temps un petit paradis, surtout grâce à la naissance de Shan-Yu, mais son destin avait décidé qu’elle devait garder une vie misérable jusqu’à la fin.
Pour la première fois de sa vie, elle voyait la peur et la détresse dans le regard sombre et imperturbable de son époux. Elle n’avait pas été une bonne épouse pour cet homme. Il méritait mieux. Elle reconnaissait la chance qu’elle avait eue de l’avoir connue, mais elle s’en voulait de n’avoir pas réussi à surmonter ses démons pour être celle pouvant le soutenir le moment voulu. Ses pensées allaient également à son fils, sa chaire de sa chaire. Ce petit être, ce petit rayon de soleil lui avait tellement apporté de choses, d’amour inconditionnel.
Dans un effort surhumain, les larmes coulant de plus en plus sur ses joues, elle adressa un sourire à son époux afin de lui indiquer qu’elle ne lui en voulait pas, qu’il n’avait rien raté avec elle. Elle voulait également lui montrer qu’elle serait forte jusqu’à la fin.
Fang ne pouvait quitter des yeux sa femme. Il sentait la détresse le tenailler. Il savait qu’il ne pourrait pas la sauver et il se maudissait. Il lui avait promis la sécurité et le bonheur, mais au lieu de cela, il n’avait pas réussi à entièrement la satisfaire. Et elle ne lui en voulait pas. Comment pouvait-elle lui pardonner de n’avoir pas réussi à la rendre entièrement heureuse ?
Sans connaitre les émotions et les échanges de regard entre les époux, le clown se mit à rire et il ordonna à Fang de s’arrêter. Le géant obéi aussitôt donnant une nouvelle hilarité au clown. L’homme, en question, avait une voix aigüe.
— Monsieur Wei, comment allez-vous, aujourd’hui ? Pas terrible, je suppose. Êtes-vous en colère ? Êtes-vous inquiet ? Hahahahaha, continua le clown. Savez-vous pourquoi je vous ai appelé ? Pour faire un jeu, et oui, je m’ennuie un peu alors je veux voir votre détresse. Je vais vous demander de faire un choix.
Fang croisa les bras, attendant le cœur battant. Le regard de sa femme venait de s’attrister encore plus, mais elle gardait faiblement son sourire. Savait-elle déjà le choix en question et donc la réponse ? Fang ferma un instant les yeux. Elle savait. Ça ne faisait aucun doute. Il serra les dents à s’en faire mal.
— Allez-vous sauver votre charmante femme ou allez-vous sauver votre fils avec peut-être le fils de votre patron ?
Fang ouvrit les yeux en grand. D’un mouvement de la main, le clown lui indiqua sa gauche. Il tourna son visage vers l’endroit et son cœur s’arrêta de battre un instant. Solidement attaché ensemble, à une grue, il aperçut Qiang et son fils, Shan-Yu. Il reporta rapidement son regard vers le clown le maudissant encore plus.
— Alors, mon cher Wei ? Ta femme ou les gosses ?
Fang ne savait plus. Les enfants, sa femme, il les observait l’un et l’autre. Son choix signera la fin de l’autre. Comment sortir de cette situation ? Comment sauver les deux ? Il ne voulait pas avoir la mort des enfants et de sa femme sur la conscience. À cet instant, le son de la sirène de la police se fit entendre, faisant sursauter les deux hommes.
Le clown ricana de sa peur. Il tient plus solidement la femme, la faisant couiner. Fang regarda aussitôt dans cette direction. Elle lui parlait en silence. Elle ne faisait aller que ses lèvres, mais Fang comprit. Elle lui demandait de l’abandonner sans remords. Fang sentit son cœur se briser en mille morceaux.
Le clown comprit la situation assez rapidement en voyant le géant chinois faire un pas en direction de la grue. L’homme avait fait son choix. Il ricana.
— Si tu crois que ce sera aussi simple, tu ne me connais pas, Wei.
À cet instant, la grue retenant les enfants remua. Les corps chutèrent alors dans le fleuve. Fang poussa un cri déchirant tout en fonçant vers la rive. Il se jeta dans les flots sans la moindre hésitation. Qiang et Shan-Yu avaient été attachés ensemble. Sous le choc de l’eau glacée, le plus vieux se réveilla. Il s’enfonçait de plus en plus dans les profondeurs noires. La peur panique le tenaillait, mais il mordit sa lèvre jusqu’au sang pour se calmer. Il se devait de rester éveiller pour sauver le garçon avec lui. Il se tortilla dans tous les sens jusqu’à se déboiter l’épaule. Il parvint alors à libérer un bras, tout en tentant de retenir son souffle le plus longtemps possible.
Il devait faire vite. Shan-Yu avait seulement cinq ans. Il ne tiendrait pas longtemps. Il parvint à récupérer son petit couteau dans sa poche. Il s’acharna comme un fou sur les liens. Quand enfin, la corde céda, il attrapa le garçon et l’envoya vers le haut où Qiang apercevait le père de l’enfant. Avant de perdre connaissance, il aperçut Fang attraper son fils. Il avait pu au moins faire une bonne action avant de partir, se dit-il.
Fang remonta à la surface avec son fils dans les bras. Il s’en voulait encore une fois. Il n’avait pas pu attraper Qiang, en même temps. Mais, il devait faire vite. Son fils ne respirait plus. Il sortit rapidement. Là, il se fit aider par la poigne d’un homme, plus précisément Wong Tan, le médecin légiste. Celui-ci, ensuite, lui arracha le garçon de ses bras pour se rendre rapidement vers l’ambulance. Fang n’arrivait plus à réagir, tétaniser sur le moment. Un autre homme vint lui déposer une couverture sur lui. Il se retourna vivement vers le fleuve, désespéré. Il y avait un autre enfant à sauver.
À cet instant, il les vit. Il se jeta au bord de la rive, pour aider son jeune maître Li, tenant solidement son frère, la tête hors de l’eau, à sortir. Fang sentit des larmes couler le long de ses joues. Il n’avait plus pleuré depuis des années. Li observa, un instant, le géant chinois. Il lui donna une pichenette sur le front.
— Ressaisis-toi, Fang !
L’homme sursauta avant de regarder son jeune maître déjà bien autoritaire à son âge. Il se redressa rapidement pour rejoindre l’ambulance. Il y aperçut alors le médecin légiste en pleine discussion avec un jeune garçon. Shan-Yu aperçut alors son père. Il se mit aussitôt à pleurer tendant les bras. Fang attrapa son fils pour le serrer contre lui avec force. Il se tourna ensuite en direction où le bateau se trouvait quelques minutes auparavant.
Comment devra-t-il annoncer un jour à son fils qu’il était responsable de la mort de sa mère ? Certes, il n’avait pas eu le choix, mais il ressentait cette sensation désagréable de responsabilité face à ce destin brisé.
Qiang vomissait tout ce qu’il avait pu ingurgiter d’eau. Il avait vraiment cru à sa dernière heure. Il se sentait faible, il se sentait impuissant. Il n’aimait pas cette sensation de n’être rien, d’être inutile. Il sentit alors deux bras lui entourer le cou. La chaleur du torse contre sa tête lui fit du bien. Il se laissa aller. Il se mit à pleurer. Après tout, il en avait encore le droit. Il n’avait que onze ans après tout.
— Vas-y, Qiang. Lâche tout.
— Je suis nul Li. Je n’ai pas été capable de les défendre. Je suis inutile.
— Ne dis pas d’ânerie, Qiang. La seule chose que tu aurais eue, c’est la mort. Et il est hors de question que tu me laisses seul. J’ai besoin de toi, idiot. Et tu n’es pas inutile. Sans toi, Fang n’aurait pas pu récupérer Shan-Yu à temps. Je suis désolé d’être arrivé en retard. Je n’ai pas pu empêcher le bateau de partir avec le clown et Aya.
Qiang se remit à pleurer à nouveau. Il ne pouvait retirer ce sentiment d’injustice dans son cœur. Il n’avait pas pu protéger la jeune femme. Elle était si fragile et pourtant, il comprenait aisément qu’elle s’était sacrifiée pour eux. Plus jamais, il ne l’accepterait. Il ferait en sorte que cela ne se reproduise plus et en premier lieu, il se débarrasserait du clown. S’il croyait s’en sortir à nouveau, il se trompait. Foi de Qiang. Il n’avait peut-être que onze ans, mais il faisait partir de la famille Bào. Il allait montrer à ce clown de pacotille ce qui en coûtait de s’attaquer à un de ces membres. Il vengerait Aya Wei.
Li ressentit un soulagement à être arrivé à temps pour sauver son frère. Il jeta un coup d’œil à Fang. Là aussi, il fut rassuré. Certes, Aya semblait perdue, mais au moins, Shan-Yu était en vie. Li ferma les yeux. Il songea à son autre petit frère. Où était-il ? Il allait devoir le dire à Qiang, également. Il se redressa tout en aidant son frère.
— Qiang ? Remets-toi vite sur pied, car nous avons un autre souci. Jian a disparu, également.
Ayant l’impression que la terre s’ouvrait sous ses pieds, Qiang se retint à son frère.
— QUOOIIII ?
Ressentant une vive lumière dans les yeux, Jian se réveilla. Il se redressa doucement, car son corps lui faisait très mal. Il remarqua, en premier lieu, être entièrement nu. Il regarda autour de lui. Il se trouvait dans une simple petite pièce, aux couleurs chatoyantes. La pièce était décorée de plusieurs vases remplis de fleurs diverses au parfum envoutantes.
Il réalisa également la pièce remuée. Il cligna des yeux, éberlués. Il frotta ses yeux pour enlever le reste de sommeil. Alors, il les vit, plus distinctement. La pièce ne remuait pas, elle était simplement envahie par des serpents en tout genre. Le garçon se redressa sans peur. Il n’avait jamais eu peur de ces reptiles.
Il porta une main à sa tête. Où était-il ? Que faisait-il ici ? La panique commençait à le gagner. Il voulait voir sa mère. Il regardait autour de lui. Il n’arrivait pas à bien réfléchir. Il se sentait également nauséeux. Il finit par comprendre. L’odeur des fleurs lui tournait la tête. C’était de leur faute ou pas. Il regarda son corps. Il aperçut alors les marques sur son bras. Il les toucha. Avait-il été piqué ? Où avait-il été mordu ? Non, ce ne pouvait pas être ce cas. Les reptiles, autour de lui, ne lui faisaient rien. Ils agissaient comme s’il était des leurs.
Jian se recroquevilla. Il mit ses bras autour de ses jambes, cachant son visage. Il voulait rentrer à la maison. Il supplia son père de venir le chercher. Les larmes vinrent inonder son jeune visage. Il tremblait de froid, de peur, d’appréhension. Il appela sa mère comme une litanie.
— Elle ne viendra jamais te chercher, mon garçon, répondit une voix modifiée par un appareil.
Le garçon leva les yeux vers l’individu venant de pénétrer dans ce lieu. Il était habillé de la tête aux pieds par une tenue de cérémonie, jusqu’au visage masqué. Jian frissonna de peur. Cet homme l’effrayait. Il avait l’impression de le connaitre, mais il n’arrivait pas à savoir qui il pouvait être. Pourquoi ? Que lui voulait-on ?
— Mon garçon, tu devrais te sentir fière. Ce soir, tu vas être sacrifié pour la science avec tous tes petits camarades ici présents.
Un frisson glacial traversa le corps de l’enfant en entendant le verdict. Jian laissa couler ses larmes. C’est alors que les serpents autour de lui s’agitèrent, sifflant. L’homme masqué se tendit aussitôt. Il donna un coup de pied pour éjecter l’attaque d’un des serpents. Il recula et sortit en hâte de la pièce, frissonnant de peur. L’enfant possédait des pouvoirs bien plus puissants que prévu. Son sacrifice devait se faire rapidement sinon il ne pourrait pas les contrôler comme il comptait le faire.
Il donna des ordres rapides afin que le sacrificiel soit prêt au plus vite. Il s’approcha d’une fente. Il y alluma la mèche de la bougie. Il eut un sourire mauvais. Il était fier de cette drogue. Elle était absolument parfaite. Bon, certes, il n’en restait pas assez. Il devait l’économiser, mais la drogue rouge du dragon était la plus pure, là plus puissante. L’enfant serait tellement drogué pour ne pas être une gêne au moment du sacrifice. Il devait lui retirer le cœur encore vivant pour ensuite le déguster, tout en buvant les restes des serpents broyés et liquéfiés. Ensuite, après avoir fait une bonne séance de méditation, il saura s’il a récupéré les pouvoirs spéciaux de l’enfant sacré. Il eut un ricanement. Il suivrait les enseignements de son maître à la lettre et il parviendra à atteindre le sommet.
Du bruit se fit alors entendre. Des cris, des hurlements de plus en plus fort l’atteignirent. Que se passait-il ? L’homme monta les marches pour rejoindre l’étage, mais un de ces hommes arriva en courant et en sang. Il lui hurlait de fuir. Que les démons étaient présents pour l’enfant ! Il devait fuir pour mieux revenir plus tard. L’homme cria de rage. Il se détourna rapidement pour fuir par une porte dérobée. Il aurait aimé prendre l’enfant avec lui, mais il n’aurait pas le temps de se débarrasser des serpents en même temps.
Les voitures se garèrent n’importe comment. Sous un seul mouvement, les hommes se jetèrent contre la bâtisse. Ils avaient pour ordre de tuer quiconque chercherait à les empêcher de récupérer l’enfant. Ils obéissaient sans état d’âme. Plus doucement, Meng pénétra dans la bâtisse juste après ses hommes. Les ennemis, encore vivants, n’osaient même pas l’attaquer tellement son maintien, son regard les en dissuadait.
En fait, Meng laissait juste éclater sa rage. Il devait toujours garder le contrôle de lui-même, mais là, il valait mieux ne pas le chercher. Il avait failli perdre deux de ces fils dont la vie de l’un était encore incertaine. Il n’avait pas le temps non plus d’être auprès de son meilleur ami, son bras droit pour le soutenir de la disparition de sa femme. Il n’avait même pas eu le temps non plus de serrer son fils Qiang.
Et rien que pour cela, toute personne devant lui en subit les conséquences sans une once de pitié. Il avait empêché Jiao de l’accompagner. Il ne voulait pas la voir aussi enragée que lui. Il fouilla chaque pièce, chaque recoin avec la rage de plus en forte. Un de ces hommes finit par trouver le sous-sol.
Meng s’y rendit aussitôt suivi de près par quelques hommes à l’affut. Il repéra une première porte. Il l’ouvrit et son cœur battit la chamade, horrifié par le spectacle. L’endroit ressemblait à une église, avec les sièges pour les disciples et au bout de la salle dominant une table de sacrifice. L’endroit avait été préparé, les bougies allumées, la dague nettoyée.
Tout le corps tremblant, Meng serra les poings à en saigner. Un grognement commença à s’entendre pour finir sur un ordre.
— DÉTRUISEZ-MOI TOUT !
Après son hurlement, il sortit pour reprendre son exploration. Il finit par sentir une drôle d’odeur lui faisant tourner la tête. Il mit aussitôt un mouchoir devant son nez. Il ordonna à ses hommes d’en faire autant et d’éviter de respirer trop l’air ambiant. Il s’approcha de la pièce et l’ouvrit. Il aperçut les reptiles sur le sol. Il les observa, un instant inquiet. Il n’avait pas vraiment envie de devoir les abattre en cas de menace.
Mais, les reptiles semblaient endormis. Meng jeta rapidement un regard autour de lui et il l’aperçut. Il laissa échapper un petit cri, effrayer de voir le corps nu allongé de son fils, sans réaction. Il fonça vers lui sans plus faire attention aux bestioles. Certaines s’étaient réveillées et sifflées, mais elles n’agissaient pas.
Meng se laissa tomber à genou et prit avec précaution le corps de son fils dans ses bras. Il soupira de soulagement en apercevant le va-et-vient de sa poitrine. Il lui toucha le front et l’inquiétude refit surface. Son fils était bouillant. Il retira sa veste pour cacher le corps de son fils, puis il le souleva. Il fonça rapidement vers l’extérieur. Il devait l’emmener de toute urgence à l’hôpital.
— Prévenez Jiao de suite, ordonna-t-il à un de ces hommes tout en montant derrière son véhicule.
Russie
Il souffrait. Il ne pouvait pas dire le contraire. Il ne sentait plus son corps. Était-il mort ? Non, quelle idée ? Il ne se poserait pas ce genre d’ânerie si c’était le cas. Que s’était-il passé déjà ? Il avait bien du mal à se remettre les évènements en tête. Il sentit une main lui caresser les cheveux. Ça faisait du bien. Il devait ouvrir les yeux, mais il n’y arrivait pas. Il se sentait tellement bien là, avec sa mère. Elle était toujours allongée dans son lit, mais elle lui souriait. Il ne voulait pas perdre à nouveau ce sourire.Mais, petit à petit, elle s’éloignait. Il ne le voulait pas. Il tendit la main pour tenter de l’attraper, en larmes. Il ne voulait pas se souvenir. Il ne voulait pas se rappeler ce qui s’était produit dans cette maudite prison. Il avait dû tuer. Il avait dû faire ce que son père lui avait appris à faire pour sa survie, pour se protéger. Mais, il n’y était pas parvenu. Il laissa échapper un petit cri d’animal blessé.
— Je suis désolé, mon garçon. Si j’avais été présent, tu n’aurais pas eu à subir tout ce que tu as pu reçu. Je suis vraiment désolé.
Khasan ouvrit alors les yeux. Il se trouvait dans une pièce blanche, entourée de machine. Il se trouvait à l’hôpital, depuis quelques jours, maintenant. Avec lassitude, il tourna son regard tuméfié vers l’homme d’une trentaine d’années, assis près de son lit. Il reconnaissait ce grand noir. C’était le gardien de prison, celui qui le protégeait des autres, sauf ce jour-là. Khasan ferma les yeux, avant de le regarder à nouveau.
— Vous n’y êtes pour rien. Vous aviez une raison valable d’être absent.
Khasan ne pouvait pas lui en vouloir. Cet homme avait été absent, car sa femme accouchait de leur premier enfant. Comment pourrait-il lui en vouloir ? Le garçon remua un peu en grimaçant. Il avait eu le bras cassé, des côtes brisées. Et surtout, il avait été …. Khasan secoua la tête. Il ne voulait pas y songer sinon la nausée revenait en force. Comment allait-il s’en sortir, maintenant ? Il savait très bien qu’il devrait, à un moment donné, retourner dans cet enfer.
— Je sais bien. Mais, je me sens responsable. Je sais bien que je risque ma place. Mais, j’ai agi dans l’ombre. J’ai réussi à prévenir que ton dossier a été trafiqué. Ça prendra du temps, mais je te promets de tout faire pour te faire quitter cette prison.
— Je serais surement mort avant.
— Jamais ! Tu t’es battu pour survivre, mon garçon. Alors, tu vas continuer. Ne t’en fais pas, j’ai trouvé un moyen pour te mettre en sécurité.
Khasan se tourna à nouveau vers le grand noir.
— Comment ? Et pourquoi faire tout cela pour moi, Darwin ?
Le gardien se redressa pour faire les cent pas dans la chambre. Il ne lui restait pas beaucoup de temps avant qu’on vienne lui dire que les visites étaient terminées.
— Déjà, la direction de la prison a changé et de deux, un nouveau prisonnier vient de faire son apparition.
Il vit la peur apparaitre dans le regard du garçon.
— Non, son dossier est étrange, comme le tien. Quelque chose ne tourne pas rond dans ce pays et des personnes innocentes se retrouvent enfermées pour de sombres raisons. Cet homme, je le connais. Je l’ai assez côtoyé pour savoir qu’il n’a rien d’un criminel, mais une chose est certaine, tant qu’il sera présent, tu seras en sécurité. Je te le garantis.
À cet instant, la porte de la chambre s’ouvrit, laissant passer les infirmiers accompagnés d’un garde. Darwin comprit le message. Il s’approcha de Khasan. Il posa une main sur son épaule.
— Fais-moi confiance. Plus personne ne te touchera sans ton consentement. Tu voulais savoir la raison. Tu as le sourire un peu idiot de mon petit frère. Il est mort d’un cancer foudroyant le jour de ton arrivée en prison. C’est un peu con, non comme raison ?
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Depuis des années, le premier habitant du manoir à se lever se trouvait être toujours la même personne. Renko Miori ne fit donc pas exception cette fois encore. Il se levait, s’habillait dans le plus grand silence afin de ne pas réveiller sa marmotte de compagnon. Il savait bien que si par malheur, il le réveillait, il ne pourrait sortir de cette chambre avant un long moment. Les autres membres de la famille n’auraient donc pas de petits déjeuners.
Ce n’était pas de la paresse de la part des autres membres, mais la cuisine était le domaine de Renko. Il la lâchait seulement si Sawako Sanada se trouvait dans les parages. Ce n’était pas tous les jours d’avoir un chef cuisinier à domicile.
Mais depuis peu, enfin depuis que deux petits démons pouvaient marcher sans aide, il ne pouvait plus dire qu’il était le premier debout. Michio et Naël avaient le sommeil léger. Et comme ils étaient réveillés, tout le monde devait le savoir évidemment. Les deux petits chenapans sortaient de leur chambre avec fracas. Ils couraient en hurlant presque dans le couloir jusqu’à la chambre de leurs pères.
Au début, Renko les récupérait avant pour leur donner à manger et ensuite, il les laissait faire ce qu’ils voulaient. Mais Carlin lui avait ordonné de les laisser faire. C’était à Luce et Erwan de leur apprendre. Les grands-parents servaient à pourrir et gâter leurs petits-enfants.
Donc ce jour comme les autres jours, Renko vit ses petits enfants en pleine forme courir tout en chahutant vers la chambre de leurs pères. Il secoua la tête et avec un sourire amusé, il descendit pour se rendre à la cuisine pour préparer de la bonne nourriture et surtout du café.
Michio et Naël entrèrent dans la chambre sans frapper et avec énergie. Erwan se redressa légèrement pour voir arriver les deux terreurs. Luce commençait à émerger. Il grogna en les entendant. Il avait encore sommeil. Ces deux démons demandaient beaucoup trop d’énergie. Si Naël s’approchait plus calmement, Michio lui n’en avait cure. Il grimpa sur le lit pour tomber littéralement sur son père Luce en riant.
Erwan attrapa Naël pour l’installer entre eux également. Luce parvint à décoller son énergumène de fils et l’installa auprès de son frère. Mais celui-ci n’avait pas envie de rester coucher. Il se redressa. Erwan leva les yeux au ciel. Ce garçon était vraiment une tête de mule.
— Pas dodo ! Debout ! cria Michio en secouant la tête.
— Il est beaucoup trop tôt. Papa voudrait encore dormir un peu.
— Non, pas dodo. Debout ! reprit à nouveau Michio.
Naël s’était lui aussi redressé, mais il réclamait plus un câlin de son autre père. Erwan s’installa plus confortablement et il le prit contre lui. Naël posa sa tête contre l’épaule de son père tout content. Avec un peu de lassitude, Luce se redressa un peu en appuyant sa tête sur une main, le coude sur le matelas.
— D’accord pas dodo. Mais j’ai le droit à avoir un câlin moi aussi.
— Non ! Papa pas gentil, pas lever, répliqua Michio.
— Petit monstre. Tu vas voir si je ne vais pas avoir de câlin.
À peine Luce venait-il de finir sa phrase qu’il se jeta sur le petit garçon. Michio se mit à rire, car son père s’amusait à le chatouiller en même temps. Au bout d’un moment, Renko vit les deux hommes entrer dans la cuisine avec les deux petits fripons dans leur bras.
Michio aperçut ses deux grands-pères. Il se tortilla pour descendre des bras de Luce. Il fonça ensuite vers eux en courant. Il stoppa devant eux.
— Papy Carlin pourquoi t’es sur les genoux de papy Renko ?
Carlin sourit amusé. Il se pencha et il caressa la tête de Michio.
— Les genoux de Ren sont plus confortables qu’une chaise.
Le petit garçon pencha la tête, un doigt sur sa bouche comme s’il réfléchissait à la réponse de son grand-père. Il se mit à rire.
— Comme les bras de papa ? Où on est bien et au chaud ?
— Voilà, tu as tout à fait raison.
Michio sauta tout content. Puis, énergiquement, il s’écria :
— J’ai faim.
Erwan attrapa son fils pour l’installer à table près de son frère.
— Naël ne mange pas tout.
Il piqua une crêpe dans l’assiette à son frère.
— Michio ! Tu ne peux pas attendre que l’on te serve au lieu de piquer la nourriture de ton frère.
Michio lança un regard en coin à son père.
— Moi grande faim, papa tortue.
Luce soupira tout en se laissant glisser sur une chaise. Il allait devenir chèvre avec ce gosse. Il jeta un coup d’œil à son père. Celui-ci avait le regard brillant, trop brillant. Il se moquait de lui. Il se retenait à grande peine de rire. Pas un pour rattraper l’autre.
— Allez-y ! Moquez-vous de moi ! Je commence à y être habitué.
— Mais que veux-tu mon ange ? Tu te laisses mener par le bout du nez par les asticots. C’est trop drôle.
— Papy Carlin, je ne suis pas un asticot, répliqua Naël la bouche pleine.
Il mangeait plus rapidement afin que son frère arrête de lui piquer sa nourriture.
— Ah oui, et qu’est-ce que tu es, alors ?
— Je suis un amour de petit ange.
La réponse fut tellement rapide et dite sérieusement que les adultes ne purent s’empêcher de rire. Juste pour voir la réponse de son fils, Erwan demanda :
— Et toi Michio ? Es-tu un asticot ?
Michio prit le temps de finir de manger avant de répondre. Il n’en avait pas laissé une seule miette. Il sourit à son père et répliqua :
— Je suis un diable de petit ange.
— Ca, c’est bien vrai surtout le mot diable te convient bien, rétorqua Luce en lui ébouriffant les cheveux.
Après le petit déjeuner, les deux garçons s’échappèrent. Luce soupira. Il allait devoir leur courir après pour pouvoir leur faire prendre le bain. Erwan avait un peu pitié de son homme, mais il ne pourrait pas l’aider cette fois-ci. Il devait se rendre à son travail. Il avait beau être le patron, ce n’était pas une raison pour ne rien faire.
Il embrassa sa moitié avait de s’échapper au travail. La société se portait toujours comme un charme, mais depuis quelque temps, des incidents se produisaient. Un virus avait été détecté dans les ordinateurs centraux. Il avait été purgé assez rapidement. Une petite entreprise informatique avait pris feu. Il avait pu être éteint assez rapidement ce qui avait limité les dégâts. Et il y en avait d’autres encore.
Pour Erwan, ce n’était pas une coïncidence. Quelqu’un s’en prenait à la Miori Corporation. Mais qui ? Et pourquoi ? Telle était la question. Cette société lui avait été léguée par son grand-père August Miori. Celui-ci l’avait eu lui-même par son propre père. Il l’avait ensuite agrandi et il l’avait mené aussi loin qu’il avait pu. Il fut très heureux quand Erwan avait accepté de reprendre le flambeau.
Erwan ne voulait pas décevoir son grand-père. Personne ne toucherait à sa société sans en subir les conséquences. Tous les employés méritaient que l’on protège leur travail. Et même s’il demandait beaucoup d’eux, il avait fait en sorte qu’ils soient satisfaits de travailler pour lui. Il allait avoir beaucoup de travail avec son père Youji et quelques autres pour retrouver parmi eux, leurs ennemis potentiels, comme un employé renvoyé et mécontent, celui qui leur causait des ennuis.
Luce parvint à récupérer ses deux loustics. Il les portait chacun un sous le bras. Les deux petits monstres riaient en gesticulant. Luce se demanda bien comment il parvint jusqu’à la salle de bain sans en faire tomber un. Et comme à l’accoutumée, le bain se passa de la même manière. Il fut arrosé de la tête aux pieds.
Il les relâcha ensuite. Ils se sauvèrent comme deux furies. Infatigable ces deux-là. Après s’être changée, Luce se dirigea vers l’étage où se trouvait la grande bibliothèque. La porte se trouvait entre-ouverte. Il fronça les sourcils.
En y entrant, il aperçut Naël allongé sur un canapé. Il regardait un énorme livre d’images. Renko, installé sur un fauteuil, adressa un sourire à son fils. Celui-ci fut rassuré. Il n’aimait pas savoir les petits seuls dans la bibliothèque. Luce se dirigea vers le bureau sur la droite. Il s’installait de temps en temps là pour écrire. Il ouvrit le tiroir pour prendre son cahier bleu. Le cahier où il écrivait toujours ses histoires avant de les retaper sur ordinateur ensuite.
Un nouveau froncement de sourcil, il se mit à chercher dans les autres tiroirs. Renko le vit chercher.
— Que cherches -tu, Luce ?
— Mon cahier. Il n’est plus à sa place.
Luce soupira. Il se tourna vers son père.
— Papa ? Qui est le coupable ?
— Michio, répondit Naël à la place de Renko.
Celui-ci, d’ailleurs, se redressa derrière le canapé où se trouvait son frère. Il tenait bien un livre dans ses mains, mais ce n’était pas le cahier bleu. Luce s’approcha et il s’agenouilla devant son fils. Michio le regardait avec un petit sourire.
— Michio, où as-tu mis le cahier ?
Le petit démon haussa les épaules.
— Je ne sais pas. Il était là et il n’est plus là.
Luce secoua la tête exaspérée.
— Michio, je te le redemande une dernière fois. Où est le cahier bleu ?
— Au parc. Il avait envie de voir de la compagnie.
Luce ne savait pas s’il devait rire ou pas. Renko lui ne se gêna pas. C’était plutôt amusant de voir son fils galérer. C’était peut-être une petite vengeance de toutes les misères que Luce avait fait à leur père plus jeune. Luce n’avait pas souvenir d’avoir été pareil même si tout le monde l’affirmait haut et fort.
— Michio ! Le cahier ?
Est-ce qu’il sentait que son père commençait à s’irriter en tout cas, le petit changea de caractère. Il tapa du pied et s’écria :
— Non, pas envie.
— Bon puisque c’est ainsi, tu vois le coin.
Luce lui montra un coin dans la partie gauche de la bibliothèque.
— Tu y vas et tu n’as pas le droit de te retourner jusqu’à nouvel ordre à part si tu changes d’avis et que tu me dises où tu as mis le cahier.
Michio regarda un instant son père avant de faire ce que celui-ci venait de lui dire. Il s’y rendit en traînant du pied et Luce pouvait l’entendre râler. Michio s’arrêta juste devant le coin et y resta sans plus broncher.
Luce secoua la tête. Il se redressa et il posa la question à Naël s’il savait où se trouvait le cahier.
— Oui je sais. Mais pas dire.
Réponse catégorique. Et quand son père lui fit la réflexion qu’il pourrait aussi aller au coin, Naël le prit au mot. Il se redressa en embarquant le gros livre et il rejoignit un autre coin de mur.
— Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Ce sont deux démons. Et je suppose que tu ne me le diras pas non plus.
Renko émit un petit rire.
— Tu veux que j’aille au coin aussi.
— Très drôle, papa.
Pendant plus d’une heure, Luce se mit à chercher après son cahier sans le trouver évidemment. De lassitude, il finit par s’arrêter et il se tourna vers le coupable. Il eut une exclamation.
— Michio ? Qu’est-ce que tu as fait ?
Carlin pénétrait dans la bibliothèque quand il entendit l’exclamation de son fils. Il les rejoignit. Il aperçut alors les dessins enfantins sur le mur blanc. Il eut un sourire un peu troublé. Michio avait hérité de son talent en dessin. Même si ceux-ci n’étaient pas encore parfaits et tremblotants avec le temps, les dessins deviendraient de plus en plus beaux.
— Bah quoi, papa ? Tu m’as dit de rester au coin, mais m’ennuie moi.
— Ce n’était pas une raison pour peinturlurer le mur.
Michio baissa la tête près à pleurer. Luce s’en voulut. Il n’avait pas voulu durcir le ton, c’était venu tout seul. Il soupira à nouveau. Il prit son fils contre lui. Michio posa sa tête contre l’épaule de son père.
— Comment je vais nettoyer ça maintenant ?
— Bah ! Tu n’as qu’à laisser comme c’est.
— Mais enfin papa !
Carlin haussa les épaules. Ce n’était que des murs. Il n’y avait pas mort d’homme. Le grand-père attrapa son petit-fils dans les bras. Celui-ci le regarda étonner. Carlin lui embrassa le front. Puis, il dit :
— Si tu dis à ton père où se trouve son cahier, on va aller s’amuser à peindre tous les trois.
Naël les avait rejoints. Il se cachait derrière la jambe de Carlin. Il sourit. Il était content d’être dans le lot. Michio hésita un instant. Il aimait bien faire râler son père, mais jouer avec papy Carlin, c’était tout aussi amusant.
— Je l’ai donné à Reine pour qu’elle le cache.
Carlin eut un léger rire.
— Et maintenant, je fais comment pour savoir où cette friponne de chatte l’a mis ?
Carlin déposa Michio. Il prit à chacun une main et il quitta la pièce en riant avec eux. Renko secoua la tête. Il eut pitié de son fils.
— Il doit être dans leur chambre. Elle se dirigeait dans cette direction.
Luce remercia son père. Il quitta la pièce pour se rendre dans la chambre des deux loustics. C’était toujours la même chambre. Celle qui lui avait appartenu enfant. La seule différence, c’était que le petit lit avait été changé en deux lits pour enfant, mais un seul était utilisé.
Michio et Naël dormaient toujours ensemble. Ils avaient bien tenté en couchant l’un et l’autre dans un lit séparé, mais dès qu’ils avaient le dos tourné, l’un d’eux se levait pour rejoindre l’autre. En guerre lasse, ils avaient fini par les laisser faire.
Luce se demandait comment se déroulerait la rentrée scolaire pour ces petits monstres. Ils avaient encore quelques mois de liberté, mais dès le mois de septembre, ils intégreraient la maternelle afin qu’ils puissent connaitre d’autres enfants de leur âge.
Certes, ils côtoyaient Dan Marcello. Naël adorait jouer avec lui rendant parfois Michio jaloux. Celui-ci avait un peu de mal à prêter son frère. Mais, Michio n’était pas pour autant agressif envers Dan. Il l’aimait bien aussi, mais seulement s’il était intégré au groupe sinon il boudait et il faisait une crise.
Erwan était celui qui le calmait aussitôt. Le jeune homme le prenait dans ses bras et il discutait ensemble pendant un long moment. Mili en était verte de jalousie. Son fils l’énervait à toujours être charmeur envers son ange et ses deux démons. Pourquoi n’avait-elle pas le droit d’avoir aussi des câlins de son fils ? Réponse de Michio, son papa Erwan était à Naël et à lui. Il acceptait de le prêter à papa Luce, mais c’était tout.
Luce récupéra enfin son cahier. Il se trouvait bel et bien dans la chambre des petits. Reine dormait dessus. Elle n’avait pas vraiment apprécié d’être interrompue dans son sommeil. Elle lui avait donné un coup de patte sur la main. Tout content d’avoir enfin son cahier, Luce retourna dans la bibliothèque pour écrire pendant que les petits démons étaient occupés.
Renko avait quitté les lieux. À la place se trouvait Maqui, le compagnon muet de son cousin Rand Osborne, le fils de sa sœur Maeva. Le jeune homme lui sourit et avec ses gestes lui fit comprendre de ne pas faire attention à lui. Luce s’installa au bureau et il plongea dans l’écriture comme à son habitude. Il en oublia le reste du monde, plongeant dans l’histoire d’un monde imaginaire aux delà des étoiles.
Combien de temps écrivait-il ? Il ne s’en souvenait pas, mais il sentait une présence près de lui. Il sursauta. Il regarda autour de lui, mais il ne vit personne. Alors il baissa les yeux et il y aperçut Michio assis sur le sol regardant les images d’un livre.
Il finit par lever les yeux vers son père. Il lui sourit. Il avait déjà oublié sa punition.
— Que fais-tu là petit chenapan ?
— Papa, lire une histoire ?
Luce jeta un coup d’œil à son cahier. Il soupira. Il le rangea dans le tiroir en prenant soin de le fermer. Puis, il se leva et il souleva son fils pour se rendre sur le canapé. Michio resta sur ses genoux pour voir les images.
— Où est ton frère ?
— Papy Renko apprend les échecs avec tonton Rand.
— Et ça ne t’intéresse pas les échecs ?
Michio secoua la tête.
— Non, je préfère histoire avec papa.
Luce déposa un petit baiser sur la tête de son fils. Ils les aimaient ces gosses qui étaient entrés dans leur vie sans prévenir. Il n’aurait pas cru pouvoir les aimer autant. Il n’avait jamais aimé partager ses parents et surtout Erwan. Il n’aimait toujours pas d’ailleurs sauf pour ces deux petites exceptions. Il jeta un coup d’œil à l’horloge. Dix-neuf heures venaient de sonner. Étrange, Erwan n’était toujours pas rentré. Un autre problème avait dû arriver. Soupirant, Luce ouvrit le livre et il commença à lire :
— Il était une fois…
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Chapitre 10
Chine
Assis derrière son bureau, Meng faisait tournoyer son stylo tout en écoutant son frère, Chen-Chen, son aîné de trois ans. Enfin l’écouter, c’était vite dit. Il l’écoutait d’une oreille, car il connaissait la raison de sa présence devant lui.
Chen-Chen passait sa vie à dilapider sa fortune dans les jeux d’argent et à bombarder ces maîtresses de cadeaux. Au décès de leur grand-père maternel, l’héritage avait été dispersé entre les petits enfants équitablement par les parents. Meng avait juste reçu un chèque. Il l’avait mis à contribution pour l’orphelinat.
Ces deux autres frères et sa sœur avaient reçu une part plus importante. L’entreprise familiale fut transmise à Chen-Chen, le petit fils préféré dudit grand-père. Résultat, l’entreprise se trouvait dans le rouge, à la limite de se faire avaler par une importante entreprise étrangère.
Chen-Chen était un piètre business Man. Il avait commis erreur sur erreur. Il fut vite dépassé. De plus, sa chance aux jeux s’était évaporée, également. Il se trouvait avec un couteau sur la gorge. Les usuriers cherchaient par tous les moyens de se faire rembourser allant jusqu’à la menace.
Il avait bien tenté de demander de l’aide à ses parents, à sa sœur et à son frère aîné, mais aucun d’eux ne voulait lever le petit doigt pour lui. En désespoir de cause, il décida de demander de l’aide à la brebis galeuse de la famille, son jeune frère Meng, même si cela le répugnait.
Du haut de ses quinze ans, Li se tenait auprès de son père, en compagnie de Fang, le bras droit. Meng lui avait demandé de rester. Après tout, il fallait bien être formé pour être l’héritier. Le jeune adolescent observa son oncle, Chen-Chen. Il avait bien du mal à croire que ce petit homme au regard tombant et fuyant avait un lien direct avec son père, Meng. Les deux hommes ne se ressemblaient pas le moins du monde. Alors que Meng était un homme plein d’énergie, intelligent, solide et surtout fiable, Chen-Chen semblait son opposé.
Chen-Chen n’appréciait pas le moins du monde le regard inquisiteur de son neveu. De quel droit, cet insolent se permettait-il de le juger, voire de se moquer de lui ? Il eut bien du mal à garder son calme, en apercevant le sourire sarcastique, se dessinait sur les lèvres de ce sale garnement.
Meng s’appuya contre le dossier de son siège, pensif. Il lisait en Chen-Chen comme un livre ouvert. Il eut un petit sourire avant de se tourner vers son fils. Celui-ci ne se gênait pas pour détailler son oncle. Faudrait apprendre à Li à être encore plus énigmatique, voilà à quoi songea Meng, un instant avant de prendre la parole.
— Qu’en penses-tu Li ? Devrons-nous aider Chen-Chen ?
Ledit Chen-Chen leva les yeux vers son frère, halluciné. Il mettait son destin entre les mains d’un gamin de quinze ans à peine, sans la moindre hésitation. Devait-il s’en inquiéter ?
— Qu’est-ce que cela nous rapportera de l’aider ? Demanda Li, en se tournant vers son père.
Meng sourit et tapota son stylo contre sa bouche.
— Voilà une très bonne question. Alors, Chen-Chen ? Ta réponse ?
Chen-Chen se mordit la lèvre inférieure tout en serrant les poings. En soupirant un bon coup, il finit par admettre qu’il ne pouvait pas demander de l’aider sans contrepartie.
— Je sais que mon entreprise est en faillite, mais si tu m’aides à la redresser, je t’en donne les pleins pouvoirs.
— Voilà qui me semble généreux. Li ? As-tu une autre exigence ?
Le jeune adolescent resta un instant, un peu surpris. Il se mit à réfléchir un instant avant de répondre.
— Et bien, je pense que mon cher cousin, Yoon-Li, doit avoir mon âge. Ne serait-il pas apte à venir chez nous pour une période de dix ans ? Quand Chunyue aura également quinze ans, elle devra venir également pour la même période, ainsi que pour votre dernier-né, Lokki. Ce serait un gage de notre alliance et de votre confiance à notre égard.
Meng esquissa un sourire derrière. Son frère semblait peut-être imbu de lui-même, égoïste également, très lâche et dépensier, mais il aimait ses enfants, tous eu avec une seule et même femme, son épouse Lya. Il avait beau l’avoir trahi avec d’autres demoiselles, celle-ci ne l’avait jamais abandonné, acceptant ses infidélités. Était-ce par amour pour Chen-Chen ? Au début, ce devait être le facteur, mais maintenant, Lya avait perdu la vue après un accident, son visage à moitié défiguré ne pouvait être réparé. Peut-être avait-elle peur d’être rejetée par tous ?
Meng ne la connaissait pas vraiment donc il préféra ne pas faire de conjoncture au risque de se tromper sur cette femme. Ne pas juger sans connaitre, il tentait d’inculquer ses enfants dans ce sens. Chen-Chen serra les poings à s’en faire mal. Si ces enfants venaient chez son frère, c’était comme des otages.
— Sache une chose, Chen-Chen, reprit Meng, d’une voix neutre. Les enfants ne subissent pas les méfaits de leurs parents. Tes trois enfants seront traités de la même manière que les enfants du clan. Ils recevront une bonne éducation, l’entrainement et tout le soutien dont ils auront besoin. Si au bout de ses dix années de service, ils désirent partir du clan, je les laisserais partir sans rechigner. S’ils désirent rester, je leur offrirais la place qu’ils méritent.
Chen-Chen releva la tête vers son jeune frère, halluciné. Il donnait une chance à ces enfants d’avoir une meilleure vie, de se sentir fière. Il se savait lâche et inutile. Avoir comme modèle Meng permettrait surement Yoon-Li à se développer et à prendre confiance à lui. Et ces parents arrêteraient alors de le traiter de moins que rien ou d’esclave.
Après avoir résolu le problème de Chen-Chen avec efficacité, Meng, accompagné par son fils et son bras droit, rejoignit sa femme voulant se rendre à l’orphelinat. Elle voulait voir si tous les enfants allaient bien. Jiao s’ennuyait surtout de ne plus avoir Jian tout le temps.
Le jeune garçon commençait à se rendre à l’école. Il disait haut et fort que c’était ennuyeux, barbant et que les autres enfants ne voulaient pas être amis avec lui. Ils le traitaient d’extra-terrestre. Jiao s’en inquiétait. Elle n’aimait pas voir son fils sans son sourire et sa joie habituelle.
Comme à l’accoutumée, elle sauta sur son mari en le voyant. Meng émit un sourire tout en serrant sa femme dans ses bras. Li eut le droit à un ébouriffage en ordre, ce qui le fit grincer des dents. Il jeta un regard noir à Fang en l’entendant glousser.
Ils se rendirent à l’orphelinat à pied, car il se trouvait dans un autre quartier de l’immense demeure. À chaque fois qu’ils passaient devant les gardes, ceux-ci baissaient la tête pour saluer le chef de famille.
En arrivant dans une grande cour, ils purent voir une ribambelle d’enfants courir joyeusement tout en se charriant. Jiao esquissa un sourire en les voyant. Ils étaient si mignons ces petits êtres. D’un coup un cri joyeux retentit. Elle se tourna dans la direction d’où venait ce cri et aperçut deux petites répliques, mais aussi différentes fonçaient sur elle.
Les deux petits garçons avaient à peu près le même âge que son fils. Le petit brun courait sans attendre sa réplique en blond. Celui-ci d’ailleurs finit par tomber, se mettant à pleurer. Son frère s’arrêta net et se tourna vers lui.
— Tu es un boulet, Jalen.
— Mais… tenta de répliquer le petit Jalen, dont les larmes se mirent à couler plus intensément.
Jiao s’approcha et s’agenouilla près de l’enfant. Elle l’aida à se relever. Ensuite, elle sortit un mouchoir pour essuyer les larmes du petit.
— Chut, mon petit Jalen. Ça va aller. D’accord ? murmura-t-elle d’une voix douce, avant de jeter un petit coup d’œil vers le petit brun. Au lieu de critiquer ton frère, tu devrais plutôt l’aider. Si tu es plus vif sur tes jambes, Jalen est plus lent. Vous avez chacun des points faibles, alors au lieu de vous chamailler, aidez-vous à les surmonter.
Le petit brun observa un long moment Jiao en silence, les yeux commençant à briller, mais il se retient fermement et hocha la tête. Jiao lui adressa un sourire et lui caressa la joue. Le sourire revint aussitôt à ses lèvres.
— Je suis désolé Dame Jiao. Dès qu’ils vous ont vu, ils ont voulu vous voir, s’exclama une voix un peu plus vieille.
La jeune femme leva les yeux vers le jeune adolescent, au trait très ressemblant à ceux des jumeaux. Il était en compagnie d’un autre garçon du même âge, aux yeux magnifiquement bleus.
— Ce n’est rien, Syrus. Tes petits frères sont trop mignons. Ils donnent toujours envie de les papouiller tellement ils sont adorables.
— Pas certain que Jian soit d’accord, lança Li, arrivant par l’arrière.
Jiao se mit à rire.
— Entièrement d’accord. Mon fils n’est vraiment pas prêteur. Tu es bien sage, Dante.
Le jeune adolescent rougit aussitôt de l’attention de Dame Jiao à son égard. Syrus se mit à rire.
— Il est toujours intimidé quand le jeune maître Li est présent.
Meng discutait avec Fang, un peu plus loin quand un de ces hommes arriva en courant. Celui-ci s’arrêta essouffler. Le chef de famille se tourna aussitôt vers lui, inquiet.
— Grand maître Meng, Maître Fang, nous avons un souci sérieux. Nous avons retrouvé la voiture de Dame Aya abandonnée, dans une ruelle de la ville.
Fang se redressa, serrant les dents pour éviter d’effrayer son subalterne. Il demanda, d’un ton neutre, mais froid :
— Comment ça ? Abandonné ? Soyez plus explicatif !
— Je…. Nous devions les suivre pour leur sécurité, car maître Qiang a voulu accompagner votre Dame pour chercher votre fils. Tout allait très bien et puis il y a eu ce bouchon. Nous les avons perdus de vu. Ça n’a pas duré longtemps et nous avons vite retrouvé la voiture, mais nous avons juste retrouvé le chauffeur, mort.
Fang blanchit d’un coup. Meng posa une main sur son bras, pour le retenir. Il ordonna :
— Faite toutes les recherches nécessaires pour les retrouver rapidement, c’est un ordre. Prévenez également notre cher ami l’inspecteur Cheng.
Au même instant, un autre homme arriva en courant. Le visage blanc comme un linge, il hésita juste un instant avant de s’écrier.
— Maître Meng, l’école vient d’appeler. Maître Jian est porté absent. Personne ne sait où il se trouve.
— QUOI ?
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Russie
Quel jour était-ce ? Khasan ne s’en souvenait plus. Depuis combien de temps n’avait-il plus pleuré ? Il ne s’en souvenait plus non plus. La seule chose dont il savait. Sa mère était morte belle et bien morte avec elle, le chaos venait de tomber sur la famille Raskin.
Un matin, Jablokov était venu le réveiller. Le soleil ne s’était pas encore tout à fait levé. Il lui avait demandé de s’habiller le plus chaudement possible. Intrigué, mais n’osant rien demander, Khasan lui avait juste obéi. En fait, il se doutait de la réponse. Il ne voulait pas croire que sa mère ait fini par se donner la mort afin qu’il s’échappe.
Comment pourrait-il échapper à son père ? Il le maintenait. Jamais, il ne le laisserait partir. Jamais. Mais, pour autant, Khasan ne dit rien. Il se laissa faire. Acceptant de subir le destin qu’on lui destinait sans son consentement.
À ce moment-là, il venait d’avoir quatorze ans. Pourquoi avait-elle choisi cette date pour disparaitre ? Chaque fois qu’il passerait une année maintenant, ce serait celle de la mort de sa mère également. Avait-elle eu peur qu’il l’oublie ?
Son père n’était pas rentré depuis plusieurs jours. Il venait les voir que de temps à autre. Apparemment, il aurait trouvé une nouvelle maîtresse plus riche et plus malléable que sa chère épouse. Khasan craignait chaque jour sa venue. Gavrie lui faisait peur. Son sadisme allait en croissance et il le forçait toujours à observer sa cruauté.
Khasan sentait un nœud à l’estomac depuis un long moment. Il avait juste envie de quitter ce lieu maudit, ce monde. Il voulait juste rejoindre la seule personne chère à son cœur, sa mère. Mais, celle-ci refusait. Elle voulait qu’il vît. Alors, il acceptait.
Il suivit Jablokov, en silence. Pourquoi le majordome l’aidait — il ? Pourquoi risquait-il ainsi sa vie pour lui ? Il ne méritait pas tout cette dévotion. Il n’avait rien fait pour mériter cette bienveillance à son égard.
Jablokov ne lui disait rien. Il forçait juste l’adolescent à avancer plus rapidement en regardant toujours autour de lui avec crainte. Il eut raison. Alors qu’ils arrivaient dans une ruelle pour rejoindre la gare, un groupe d’hommes leur barra la route. Ils riaient, tout en jactant des insultes.
Pour l’adolescent, tout se passa tellement vite. Il comprit trop tard ce qu’il se passait. Il se trouvait coincer des deux côtés, sans échappatoire. Il fut vite mis hors d’état de nuire par deux brutes. Le plus grand et costaud le força à regarder la scène jusqu’au bout, dans toute son horreur.
Combien étaient-ils ? Cinq. Ils étaient cinq à s’acharner sur le pauvre Jablokov. Ils riaient tout en le battant à coup de poing, à coup de pied, sur la figure, dans les côtes, dans le dos. L’adolescent pouvait très bien entendre les hurlements de son majordome. Il entendit le craquement de ces os brisés.
Il voyait tout cela au ralenti, comme un cauchemar sans fin. Son esprit semblait à des lieux d’ici. Il avait envie de vomir tellement son estomac le retournait dans tous les sens. Il voyait comme s’il se trouvait derrière un appareil. Il ne voulait pas être touché par ce qu’il devait voir, qu’on lui forçait à regarder. Il se sentait misérable.
Et il fut relâché et en moins de temps qu’il faut pour le dire, les hommes disparurent le laissant sur le sol auprès d’un être recouvert de sang, une plaie vivante. Khasan avait senti ses larmes couler. Il demandait pardon. Mais à qui ? À Jablokov ? Celui-ci ne pourrait pas lui répondre. Pas qu’il soit mort, l’adolescent le voyait encore remuer, mais pour combien de temps encore ? Que devait-il faire maintenant ?
Fuir ? Après tout, il était déjà une mauviette, il était déjà un lâche. Alors, fuir, il pouvait. Mais, pour quoi faire ? Il avait mal partout. Il voulait juste s’endormir pour ne plus se réveiller. Ce serait tellement mieux, ce serait tellement plus facile. Alors, il avait fermé les yeux.
Finalement, il s’était réveillé, mais en ouvrant les yeux, en regardant autour de lui, il songea qu’il aurait préféré, ne jamais l’avoir fait. Comment ? Pourquoi ? Pour quelle raison ?
Voilà les premières choses venues en tête en apercevant les barreaux face à son lit. La mémoire lui revint petit à petit. La police avait fini par arriver. Une ambulance avait embarqué le blessé. La police l’avait interrogé et il avait juste dit que tout était de sa faute. Évidemment, Khasan savait bien qu’il ne se retrouvait pas en prison pour violence aggravée pour le peu de mots sortie lors de l’interrogation. Non, c’était la faute au juge. Khasan eut un sourire amer.
Ce juge, Nicoleï Rozanov se trouvait à la solde de son père Gavrie. Combien de fois, Khasan l’avait croisé chez lui avec son père ? Où le regardant jouer avec une nouvelle esclave ? Il n’avait pas assez de doigts pour les compter, sans parler les victimes que son oncle Yakov amenait pour le plaisir personnel de ce juge.
D’après ce que Khasan avait finalement compris. Sa famille se trouvait en pleine crise financière. La justice commençait à se réveiller d’un long sommeil. Les Raskin se trouvaient sur la sellette. Alors, Rozanov avait les chocottes.
Il fit en sorte de faire disparaitre le fils de Gavrie Raskin en l’envoyant au fond du trou pour une éternité. Et afin de bien le faire disparaitre sans trace, il le fit envoyer dans une des prisons bien éloignées et fermées de l’extérieur, auprès de détenus aux casiers les plus divers en soi, surtout niveau sadismes.
Depuis, le jeune adolescent vivait avec une boule au ventre vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Pourquoi ne tentait-il pas de fuir cette réalité en prenant sa vie par lui-même ? Parce qu’il ne pouvait pas, il ne pouvait plus s’échapper dans la facilité. Il devra se battre jusqu’au bout. Il avait dû faire une promesse. Il devait la maintenir quoiqu’il se passe.
Jablokov, même à l’agonie, même au risque d’achever sa vie plus vite, il avait réussi à agripper le bras de son jeune maître. Il avait réussi à marmonner une chose, une seule chose avant de perdre connaissance. Un seul mot, un horrible mot, effrayant à souhait : « VIE ».
Chaque jour passé dans cette prison, Khasan avait maudit le majordome. Pourquoi lui avoir dit ce mot ? Bordel ! Sa mère et maintenant Jablokov ! Pourquoi veulent-ils à tout prix qu’il vive ? Il vivait un enfer quotidien.
Combien de fois, a-t-il été bloqué par un de ces détenus, à la cantine ? Combien de fois, a-t-il dû se battre pour fuir, sous les douches ? Il finirait bien par y passer. Il le savait, mais il se devait de ne pas céder sans se battre puisqu’on lui avait ordonné de vivre. Il pouvait hurler, il pouvait crier, il pouvait frapper, mais il ne devait pas céder à la facilité. Il ne leur ferait pas ce cadeau.
Et ce jour finit par arriver. Un an jour pour jour, alors que Khasan suivit le nouveau gardien pour se rendre dans les douches, comme cela se faisait tous les deux jours. Mais là, Khasan sentait bien que c’était différent. Déjà le gardien n’était le même que d’habitude. L’ancien ne restait toujours pas loin, à porter de voix. Il veillait sur la sécurité du plus jeune détenu, mais il n’était plus là.
Arrivé devant la porte des douches communes, le gardien le poussa à l’intérieur avant de refermer la porte dans un déclic. Quand le garçon se redressa, il entendit alors les rires dégoutants de plusieurs détenus. Ils étaient là à l’attendre, se léchant les lèvres pour la plupart.
Et voilà, il s’était battu et il se battrait encore et encore. Il ne baisserait pas les bras. S’ils le voulaient alors ils devront se battre avec leur tripe, car il ne cédera pas sans violence. Pour une fois dans sa vie, il remerciait son père de lui avoir au moins appris à se battre et à ne pas avoir pitié de ses ennemis.
Coups de poing, coups de pied volèrent dans la pièce humide. Des crânes furent fracassés contre les murs carrelés. Le sang finit par se retrouver partout dans la salle. Sur les six détenus, deux furent tués dans la bagarre. Mais, cela ne choqua personne. Et les survivants s’en foutirent complètement. Ils feraient regretter à cette petite pute d’avoir osé désobéir à leur ordre.
Ils finirent par prendre le dessus. Ils frappèrent, non plutôt, le cognèrent sans forme de procès avant d’abuser de toutes les manières possibles son jeune corps avant que la porte explose faisant entrer un groupe de gardiens armés. Les coupables furent envoyés dans les oubliettes, attendant d’un autre verdict pouvant les amener à l’échafaud. Tant dit que le jeune adolescent fut rapidement emmené aux urgences afin de le sauver. Enfin, si celui-ci avait encore de la volonté pour vivre.
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