• Heartshaped Abyss : 11

    Chapitre 11

     

                L’angoisse, toute la maisonnée se trouvait avec cette sensation, voire agaçante et glaçante, à ne pas retrouver les enfants et la femme kidnappés. Chaque membre du clan, hommes ou femmes, cherchait dans chaque recoin, dans chaque endroit possible et inimaginable afin de retrouver non seulement les deux enfants de leur chef, mais également la femme et le fils du bras droit. 

                La police finit également par arriver avec à sa tête l’inspecteur Lao Cheng. Celui-ci prit le contrôle ayant l’habitude de la famille Bào et leur manière de travailler. Il savait d’avance que s’ils étaient ceux qui trouvaient les coupables en premier, il y aurait un massacre. Il avait intérêt à mettre tout son savoir-faire pour éviter cet évènement.

                L’inconvénient, il semblait que l’enlèvement de Qiang Bào, Shan-Yu Wei et Aya Wei n’avait rien à voir avec celui de Jian Bào. Pour Cheng, il craignait pour la vie des trois premiers. Il était certain de savoir qui était l’instigateur de l’enlèvement. Il devait s’agir du tueur en série, celui qui quelques années auparavant avait assassiné Zhen-Yi, la première femme de Meng Bào. 

                Mais, pour Jian Bào, il ne voyait pas vraiment qui serait assez capable d’enlever le jeune fils de Meng et Jiao Bào. Pour quelle raison ? Une rançon ? Alors, ils auraient déjà dû avoir des nouvelles depuis son enlèvement. Trois heures venaient de passer sans aucune information à son sujet. 

                Ces deux enlèvements simultanés étaient à s’arracher les cheveux. Cheng se félicitait d’ailleurs de s’être rasé le crâne, parce que subir sans broncher le regard d’une froideur extrême du maître des lieux était des plus angoissant au possible. 

                Jiao tremblait de tout son être de douleur, de rage. Elle s’était enfermée dans son sous-sol, entouré de ses créatures. La plus venimeuse du lot venait de s’être positionnée sur son épaule près de sa jugulaire, pour être plus précise. Mais, elle n’était pas là pour faire du mal. Elle se trouvait là pour réconforter cet humain. La femme avait fermé les yeux, se laissant couler dans la transe. Elle se doutait de la raison de l’enlèvement de son fils, l’ayant subi dans son enfance. Elle avait peur pour lui. Pendant toutes ses années, elle avait vraiment pensé que cette secte avait été éradiquée, mais si c’était juste un leurre alors elle pouvait craindre le pire.

     

                Fang n’en pouvait plus d’attendre. L’ordre avait été de rester là à laisser la police faire son travail, mais il s’en foutait. Sa femme et son fils étaient en danger. Il ne pouvait pas rester à ne rien faire. Il s’inquiétait également pour Qiang et pour Jian. Ces enfants, il les avait vu grandir. Il les aimait comme il aimait le sien. Il savait que son patron, son ami se trouvait dans le même état. Meng n’était pas le genre à rester les bras croisés. 

                Ces hommes travaillaient dans l’ombre et même s’il montrait un visage impassible, tout comme le jeune Li à ses côtés, il n’en menait pas large en réalité. Une rage contenue se trouvait en surface prête à éclater à n’importe quel moment. Fang croisa le regard sombre de son chef. Il n’eut pas besoin de plus comme autorisation. Le grand chinois sortit du bureau pour se rendre sur les lieux de l’enlèvement en premier lieu. 

                Il monta rapidement dans son véhicule avant que le collègue de Cheng, Ryohei Mao ne lui interdise de partir. Personne ne l’empêcherait de mener lui-même l’enquête. Il se rendit assez rapidement sur les lieux, ne faisant pas attention à la limite de vitesse. 

                Quand il apparut devant le véhicule de sa femme, il fut interpellé par un de ces hommes. Celui-ci lui expliqua tout ce qu’il savait. Fang grinça des dents en apercevant le médecin légiste, le même ayant accusé les Bào d’être responsables de la mort de Zhen-Yi. Celui-ci se releva et il se tourna vers le géant. Il grimaça. 

    — Fang Wei, ça fait longtemps que nous nous sommes vus.

    — Wong Tan, c’est ça ? J’aurais préféré ne jamais vous revoir. 

    — C’est réciproque. Mais comme vous êtes là, je suppose que vous voulez des renseignements. Le chauffeur a été tué avec une précision chirurgicale. Il n’y a même pas une éclaboussure, un vrai pro. Mais, il n’a pas été tué ici. Notre tueur a dû conduire la voiture ici, l’a ensuite installé avant de partir. Alors ? Comment vos hommes n’ont-ils rien remarqué alors qu’ils les suivaient ? Ça, c’est votre boulot. Je vous donne juste mon avis. Il y a également une sorte d’odeur dans l’habitacle. Elle ne fait plus effet, mais je pense que les passagers ont dû être endormis solidement. 

                Fang écoutait le médecin légiste d’une oreille attentive. Il se passa une main sur le visage, inquiet. Il finit par se tourner vers la sortie de la ruelle, observant les passants quand son portable se mit à sonner. Il le sortit de l’arrière de son jean. Il regarda sa messagerie et il resta un instant interdit. Une photo de sa femme venait de lui être envoyée, le visage en larmes, totalement terrifié. Fang serra son portable au risque de le briser par sa force. Un autre message apparu « Zhen-Yi ». 

                Fang fronça les sourcils avant de saisir en entendant la voix du médecin légiste. 

    — Wei ? Vous allez bien ? Quelque chose ne va pas ? 

                Inspirant un bon coup, Fang se retourna vers l’homme. 

    — Non, tout va bien. Ma femme, mon fils et les deux fils de mon chef ont disparu, mais tout va bien. Vous avez d’autres questions aussi stupides en réserve. Tan ?

                Sur ces mots, Fang se dirigea vers sa voiture s’en voulant un peu d’avoir passé ses nerfs sur le policier, mais il n’avait pas le temps de s’excuser. Il reprit la route vers le port, à l’endroit précis où le corps de Zhen-Yi avait été retrouvé il y a de cela un peu plus de quatre ans. Il avait le cœur battant la chamade, les mains moites. Il craignait le pire. Il avait toujours pensé être dur et insensible pouvant tenir le coup à ce genre d’imprévu. Mais, il réalisa à quel point c’était utopique d’avoir seulement imaginé l’être. 

                Il stoppa sa voiture dans un crissement de pneu. Il descendit rapidement pour se rendre en direction du bateau de taille moyenne, avec une cabine cachant l’intérieur. Sur le ponton, il aperçut alors la silhouette de sa femme tenue par la taille et par la nuque par un homme dont le visage était caché par un masque de clown. 

                Aya le fixait le visage ravagé par les larmes. Elle tremblait de tout son être, mais elle se savait condamnée. Elle l’avait su dès qu’elle avait ouvert les yeux et croisé ceux du clown. Pourquoi sa vie avait-elle été si pourrie ? Depuis sa naissance, elle avait été prédestinée à une vie misérable. Fang lui avait offert un temps un petit paradis, surtout grâce à la naissance de Shan-Yu, mais son destin avait décidé qu’elle devait garder une vie misérable jusqu’à la fin.

                Pour la première fois de sa vie, elle voyait la peur et la détresse dans le regard sombre et imperturbable de son époux. Elle n’avait pas été une bonne épouse pour cet homme. Il méritait mieux. Elle reconnaissait la chance qu’elle avait eue de l’avoir connue, mais elle s’en voulait de n’avoir pas réussi à surmonter ses démons pour être celle pouvant le soutenir le moment voulu. Ses pensées allaient également à son fils, sa chaire de sa chaire. Ce petit être, ce petit rayon de soleil lui avait tellement apporté de choses, d’amour inconditionnel. 

                Dans un effort surhumain, les larmes coulant de plus en plus sur ses joues, elle adressa un sourire à son époux afin de lui indiquer qu’elle ne lui en voulait pas, qu’il n’avait rien raté avec elle. Elle voulait également lui montrer qu’elle serait forte jusqu’à la fin.

                Fang ne pouvait quitter des yeux sa femme. Il sentait la détresse le tenailler. Il savait qu’il ne pourrait pas la sauver et il se maudissait. Il lui avait promis la sécurité et le bonheur, mais au lieu de cela, il n’avait pas réussi à entièrement la satisfaire. Et elle ne lui en voulait pas. Comment pouvait-elle lui pardonner de n’avoir pas réussi à la rendre entièrement heureuse ? 

                Sans connaitre les émotions et les échanges de regard entre les époux, le clown se mit à rire et il ordonna à Fang de s’arrêter. Le géant obéi aussitôt donnant une nouvelle hilarité au clown. L’homme, en question, avait une voix aigüe.

    — Monsieur Wei, comment allez-vous, aujourd’hui ? Pas terrible, je suppose. Êtes-vous en colère ? Êtes-vous inquiet ? Hahahahaha, continua le clown. Savez-vous pourquoi je vous ai appelé ? Pour faire un jeu, et oui, je m’ennuie un peu alors je veux voir votre détresse. Je vais vous demander de faire un choix.

                Fang croisa les bras, attendant le cœur battant. Le regard de sa femme venait de s’attrister encore plus, mais elle gardait faiblement son sourire. Savait-elle déjà le choix en question et donc la réponse ? Fang ferma un instant les yeux. Elle savait. Ça ne faisait aucun doute. Il serra les dents à s’en faire mal. 

    — Allez-vous sauver votre charmante femme ou allez-vous sauver votre fils avec peut-être le fils de votre patron ? 

                Fang ouvrit les yeux en grand. D’un mouvement de la main, le clown lui indiqua sa gauche. Il tourna son visage vers l’endroit et son cœur s’arrêta de battre un instant. Solidement attaché ensemble, à une grue, il aperçut Qiang et son fils, Shan-Yu. Il reporta rapidement son regard vers le clown le maudissant encore plus. 

    — Alors, mon cher Wei ? Ta femme ou les gosses ? 

                Fang ne savait plus. Les enfants, sa femme, il les observait l’un et l’autre. Son choix signera la fin de l’autre. Comment sortir de cette situation ? Comment sauver les deux ? Il ne voulait pas avoir la mort des enfants et de sa femme sur la conscience. À cet instant, le son de la sirène de la police se fit entendre, faisant sursauter les deux hommes.

                Le clown ricana de sa peur. Il tient plus solidement la femme, la faisant couiner. Fang regarda aussitôt dans cette direction. Elle lui parlait en silence. Elle ne faisait aller que ses lèvres, mais Fang comprit. Elle lui demandait de l’abandonner sans remords. Fang sentit son cœur se briser en mille morceaux.

                Le clown comprit la situation assez rapidement en voyant le géant chinois faire un pas en direction de la grue. L’homme avait fait son choix. Il ricana. 

    — Si tu crois que ce sera aussi simple, tu ne me connais pas, Wei. 

                À cet instant, la grue retenant les enfants remua. Les corps chutèrent alors dans le fleuve. Fang poussa un cri déchirant tout en fonçant vers la rive. Il se jeta dans les flots sans la moindre hésitation. Qiang et Shan-Yu avaient été attachés ensemble. Sous le choc de l’eau glacée, le plus vieux se réveilla. Il s’enfonçait de plus en plus dans les profondeurs noires. La peur panique le tenaillait, mais il mordit sa lèvre jusqu’au sang pour se calmer. Il se devait de rester éveiller pour sauver le garçon avec lui. Il se tortilla dans tous les sens jusqu’à se déboiter l’épaule. Il parvint alors à libérer un bras, tout en tentant de retenir son souffle le plus longtemps possible. 

                Il devait faire vite. Shan-Yu avait seulement cinq ans. Il ne tiendrait pas longtemps. Il parvint à récupérer son petit couteau dans sa poche. Il s’acharna comme un fou sur les liens. Quand enfin, la corde céda, il attrapa le garçon et l’envoya vers le haut où Qiang apercevait le père de l’enfant. Avant de perdre connaissance, il aperçut Fang attraper son fils. Il avait pu au moins faire une bonne action avant de partir, se dit-il. 

                Fang remonta à la surface avec son fils dans les bras. Il s’en voulait encore une fois. Il n’avait pas pu attraper Qiang, en même temps. Mais, il devait faire vite. Son fils ne respirait plus. Il sortit rapidement. Là, il se fit aider par la poigne d’un homme, plus précisément Wong Tan, le médecin légiste. Celui-ci, ensuite, lui arracha le garçon de ses bras pour se rendre rapidement vers l’ambulance. Fang n’arrivait plus à réagir, tétaniser sur le moment. Un autre homme vint lui déposer une couverture sur lui. Il se retourna vivement vers le fleuve, désespéré. Il y avait un autre enfant à sauver. 

                À cet instant, il les vit. Il se jeta au bord de la rive, pour aider son jeune maître Li, tenant solidement son frère, la tête hors de l’eau, à sortir. Fang sentit des larmes couler le long de ses joues. Il n’avait plus pleuré depuis des années. Li observa, un instant, le géant chinois. Il lui donna une pichenette sur le front. 

    — Ressaisis-toi, Fang ! 

                L’homme sursauta avant de regarder son jeune maître déjà bien autoritaire à son âge. Il se redressa rapidement pour rejoindre l’ambulance. Il y aperçut alors le médecin légiste en pleine discussion avec un jeune garçon. Shan-Yu aperçut alors son père. Il se mit aussitôt à pleurer tendant les bras. Fang attrapa son fils pour le serrer contre lui avec force. Il se tourna ensuite en direction où le bateau se trouvait quelques minutes auparavant. 

                Comment devra-t-il annoncer un jour à son fils qu’il était responsable de la mort de sa mère ? Certes, il n’avait pas eu le choix, mais il ressentait cette sensation désagréable de responsabilité face à ce destin brisé. 

                Qiang vomissait tout ce qu’il avait pu ingurgiter d’eau. Il avait vraiment cru à sa dernière heure. Il se sentait faible, il se sentait impuissant. Il n’aimait pas cette sensation de n’être rien, d’être inutile. Il sentit alors deux bras lui entourer le cou. La chaleur du torse contre sa tête lui fit du bien. Il se laissa aller. Il se mit à pleurer. Après tout, il en avait encore le droit. Il n’avait que onze ans après tout.

    — Vas-y, Qiang. Lâche tout. 

    — Je suis nul Li. Je n’ai pas été capable de les défendre. Je suis inutile. 

    — Ne dis pas d’ânerie, Qiang. La seule chose que tu aurais eue, c’est la mort. Et il est hors de question que tu me laisses seul. J’ai besoin de toi, idiot. Et tu n’es pas inutile. Sans toi, Fang n’aurait pas pu récupérer Shan-Yu à temps. Je suis désolé d’être arrivé en retard. Je n’ai pas pu empêcher le bateau de partir avec le clown et Aya. 

                Qiang se remit à pleurer à nouveau. Il ne pouvait retirer ce sentiment d’injustice dans son cœur. Il n’avait pas pu protéger la jeune femme. Elle était si fragile et pourtant, il comprenait aisément qu’elle s’était sacrifiée pour eux. Plus jamais, il ne l’accepterait. Il ferait en sorte que cela ne se reproduise plus et en premier lieu, il se débarrasserait du clown. S’il croyait s’en sortir à nouveau, il se trompait. Foi de Qiang. Il n’avait peut-être que onze ans, mais il faisait partir de la famille Bào. Il allait montrer à ce clown de pacotille ce qui en coûtait de s’attaquer à un de ces membres. Il vengerait Aya Wei.

                Li ressentit un soulagement à être arrivé à temps pour sauver son frère. Il jeta un coup d’œil à Fang. Là aussi, il fut rassuré. Certes, Aya semblait perdue, mais au moins, Shan-Yu était en vie. Li ferma les yeux. Il songea à son autre petit frère. Où était-il ? Il allait devoir le dire à Qiang, également. Il se redressa tout en aidant son frère.

    — Qiang ? Remets-toi vite sur pied, car nous avons un autre souci. Jian a disparu, également. 

                Ayant l’impression que la terre s’ouvrait sous ses pieds, Qiang se retint à son frère. 

    — QUOOIIII ?

     

                Ressentant une vive lumière dans les yeux, Jian se réveilla. Il se redressa doucement, car son corps lui faisait très mal. Il remarqua, en premier lieu, être entièrement nu. Il regarda autour de lui. Il se trouvait dans une simple petite pièce, aux couleurs chatoyantes. La pièce était décorée de plusieurs vases remplis de fleurs diverses au parfum envoutantes. 

                Il réalisa également la pièce remuée. Il cligna des yeux, éberlués. Il frotta ses yeux pour enlever le reste de sommeil. Alors, il les vit, plus distinctement. La pièce ne remuait pas, elle était simplement envahie par des serpents en tout genre. Le garçon se redressa sans peur. Il n’avait jamais eu peur de ces reptiles. 

                Il porta une main à sa tête. Où était-il ? Que faisait-il ici ? La panique commençait à le gagner. Il voulait voir sa mère. Il regardait autour de lui. Il n’arrivait pas à bien réfléchir. Il se sentait également nauséeux. Il finit par comprendre. L’odeur des fleurs lui tournait la tête. C’était de leur faute ou pas. Il regarda son corps. Il aperçut alors les marques sur son bras. Il les toucha. Avait-il été piqué ? Où avait-il été mordu ? Non, ce ne pouvait pas être ce cas. Les reptiles, autour de lui, ne lui faisaient rien. Ils agissaient comme s’il était des leurs. 

                Jian se recroquevilla. Il mit ses bras autour de ses jambes, cachant son visage. Il voulait rentrer à la maison. Il supplia son père de venir le chercher. Les larmes vinrent inonder son jeune visage. Il tremblait de froid, de peur, d’appréhension. Il appela sa mère comme une litanie. 

    — Elle ne viendra jamais te chercher, mon garçon, répondit une voix modifiée par un appareil. 

                Le garçon leva les yeux vers l’individu venant de pénétrer dans ce lieu. Il était habillé de la tête aux pieds par une tenue de cérémonie, jusqu’au visage masqué. Jian frissonna de peur. Cet homme l’effrayait. Il avait l’impression de le connaitre, mais il n’arrivait pas à savoir qui il pouvait être. Pourquoi ? Que lui voulait-on ? 

    — Mon garçon, tu devrais te sentir fière. Ce soir, tu vas être sacrifié pour la science avec tous tes petits camarades ici présents. 

                Un frisson glacial traversa le corps de l’enfant en entendant le verdict. Jian laissa couler ses larmes. C’est alors que les serpents autour de lui s’agitèrent, sifflant. L’homme masqué se tendit aussitôt. Il donna un coup de pied pour éjecter l’attaque d’un des serpents. Il recula et sortit en hâte de la pièce, frissonnant de peur. L’enfant possédait des pouvoirs bien plus puissants que prévu. Son sacrifice devait se faire rapidement sinon il ne pourrait pas les contrôler comme il comptait le faire. 

                Il donna des ordres rapides afin que le sacrificiel soit prêt au plus vite. Il s’approcha d’une fente. Il y alluma la mèche de la bougie. Il eut un sourire mauvais. Il était fier de cette drogue. Elle était absolument parfaite. Bon, certes, il n’en restait pas assez. Il devait l’économiser, mais la drogue rouge du dragon était la plus pure, là plus puissante. L’enfant serait tellement drogué pour ne pas être une gêne au moment du sacrifice. Il devait lui retirer le cœur encore vivant pour ensuite le déguster, tout en buvant les restes des serpents broyés et liquéfiés. Ensuite, après avoir fait une bonne séance de méditation, il saura s’il a récupéré les pouvoirs spéciaux de l’enfant sacré. Il eut un ricanement. Il suivrait les enseignements de son maître à la lettre et il parviendra à atteindre le sommet. 

                Du bruit se fit alors entendre. Des cris, des hurlements de plus en plus fort l’atteignirent. Que se passait-il ? L’homme monta les marches pour rejoindre l’étage, mais un de ces hommes arriva en courant et en sang. Il lui hurlait de fuir. Que les démons étaient présents pour l’enfant ! Il devait fuir pour mieux revenir plus tard. L’homme cria de rage. Il se détourna rapidement pour fuir par une porte dérobée. Il aurait aimé prendre l’enfant avec lui, mais il n’aurait pas le temps de se débarrasser des serpents en même temps. 

                Les voitures se garèrent n’importe comment. Sous un seul mouvement, les hommes se jetèrent contre la bâtisse. Ils avaient pour ordre de tuer quiconque chercherait à les empêcher de récupérer l’enfant. Ils obéissaient sans état d’âme. Plus doucement, Meng pénétra dans la bâtisse juste après ses hommes. Les ennemis, encore vivants, n’osaient même pas l’attaquer tellement son maintien, son regard les en dissuadait.

                En fait, Meng laissait juste éclater sa rage. Il devait toujours garder le contrôle de lui-même, mais là, il valait mieux ne pas le chercher. Il avait failli perdre deux de ces fils dont la vie de l’un était encore incertaine. Il n’avait pas le temps non plus d’être auprès de son meilleur ami, son bras droit pour le soutenir de la disparition de sa femme. Il n’avait même pas eu le temps non plus de serrer son fils Qiang. 

                Et rien que pour cela, toute personne devant lui en subit les conséquences sans une once de pitié. Il avait empêché Jiao de l’accompagner. Il ne voulait pas la voir aussi enragée que lui. Il fouilla chaque pièce, chaque recoin avec la rage de plus en forte. Un de ces hommes finit par trouver le sous-sol. 

                Meng s’y rendit aussitôt suivi de près par quelques hommes à l’affut. Il repéra une première porte. Il l’ouvrit et son cœur battit la chamade, horrifié par le spectacle. L’endroit ressemblait à une église, avec les sièges pour les disciples et au bout de la salle dominant une table de sacrifice. L’endroit avait été préparé, les bougies allumées, la dague nettoyée. 

                Tout le corps tremblant, Meng serra les poings à en saigner. Un grognement commença à s’entendre pour finir sur un ordre. 

    — DÉTRUISEZ-MOI TOUT !

                Après son hurlement, il sortit pour reprendre son exploration. Il finit par sentir une drôle d’odeur lui faisant tourner la tête. Il mit aussitôt un mouchoir devant son nez. Il ordonna à ses hommes d’en faire autant et d’éviter de respirer trop l’air ambiant. Il s’approcha de la pièce et l’ouvrit. Il aperçut les reptiles sur le sol. Il les observa, un instant inquiet. Il n’avait pas vraiment envie de devoir les abattre en cas de menace. 

                Mais, les reptiles semblaient endormis. Meng jeta rapidement un regard autour de lui et il l’aperçut. Il laissa échapper un petit cri, effrayer de voir le corps nu allongé de son fils, sans réaction. Il fonça vers lui sans plus faire attention aux bestioles. Certaines s’étaient réveillées et sifflées, mais elles n’agissaient pas. 

                Meng se laissa tomber à genou et prit avec précaution le corps de son fils dans ses bras. Il soupira de soulagement en apercevant le va-et-vient de sa poitrine. Il lui toucha le front et l’inquiétude refit surface. Son fils était bouillant. Il retira sa veste pour cacher le corps de son fils, puis il le souleva. Il fonça rapidement vers l’extérieur. Il devait l’emmener de toute urgence à l’hôpital. 

    — Prévenez Jiao de suite, ordonna-t-il à un de ces hommes tout en montant derrière son véhicule. 

     

    Russie
                Il souffrait. Il ne pouvait pas dire le contraire. Il ne sentait plus son corps. Était-il mort ? Non, quelle idée ? Il ne se poserait pas ce genre d’ânerie si c’était le cas. Que s’était-il passé déjà ? Il avait bien du mal à se remettre les évènements en tête. Il sentit une main lui caresser les cheveux. Ça faisait du bien. Il devait ouvrir les yeux, mais il n’y arrivait pas. Il se sentait tellement bien là, avec sa mère. Elle était toujours allongée dans son lit, mais elle lui souriait. Il ne voulait pas perdre à nouveau ce sourire. 

                Mais, petit à petit, elle s’éloignait. Il ne le voulait pas. Il tendit la main pour tenter de l’attraper, en larmes. Il ne voulait pas se souvenir. Il ne voulait pas se rappeler ce qui s’était produit dans cette maudite prison. Il avait dû tuer. Il avait dû faire ce que son père lui avait appris à faire pour sa survie, pour se protéger. Mais, il n’y était pas parvenu. Il laissa échapper un petit cri d’animal blessé. 

    — Je suis désolé, mon garçon. Si j’avais été présent, tu n’aurais pas eu à subir tout ce que tu as pu reçu. Je suis vraiment désolé. 

                Khasan ouvrit alors les yeux. Il se trouvait dans une pièce blanche, entourée de machine. Il se trouvait à l’hôpital, depuis quelques jours, maintenant. Avec lassitude, il tourna son regard tuméfié vers l’homme d’une trentaine d’années, assis près de son lit. Il reconnaissait ce grand noir. C’était le gardien de prison, celui qui le protégeait des autres, sauf ce jour-là. Khasan ferma les yeux, avant de le regarder à nouveau. 

    — Vous n’y êtes pour rien. Vous aviez une raison valable d’être absent. 

                Khasan ne pouvait pas lui en vouloir. Cet homme avait été absent, car sa femme accouchait de leur premier enfant. Comment pourrait-il lui en vouloir ? Le garçon remua un peu en grimaçant. Il avait eu le bras cassé, des côtes brisées. Et surtout, il avait été …. Khasan secoua la tête. Il ne voulait pas y songer sinon la nausée revenait en force. Comment allait-il s’en sortir, maintenant ? Il savait très bien qu’il devrait, à un moment donné, retourner dans cet enfer. 

    — Je sais bien. Mais, je me sens responsable. Je sais bien que je risque ma place. Mais, j’ai agi dans l’ombre. J’ai réussi à prévenir que ton dossier a été trafiqué. Ça prendra du temps, mais je te promets de tout faire pour te faire quitter cette prison. 

    — Je serais surement mort avant. 

    — Jamais ! Tu t’es battu pour survivre, mon garçon. Alors, tu vas continuer. Ne t’en fais pas, j’ai trouvé un moyen pour te mettre en sécurité. 

                Khasan se tourna à nouveau vers le grand noir. 

    — Comment ? Et pourquoi faire tout cela pour moi, Darwin ? 

                Le gardien se redressa pour faire les cent pas dans la chambre. Il ne lui restait pas beaucoup de temps avant qu’on vienne lui dire que les visites étaient terminées. 

    — Déjà, la direction de la prison a changé et de deux, un nouveau prisonnier vient de faire son apparition. 

                Il vit la peur apparaitre dans le regard du garçon.

    — Non, son dossier est étrange, comme le tien. Quelque chose ne tourne pas rond dans ce pays et des personnes innocentes se retrouvent enfermées pour de sombres raisons. Cet homme, je le connais. Je l’ai assez côtoyé pour savoir qu’il n’a rien d’un criminel, mais une chose est certaine, tant qu’il sera présent, tu seras en sécurité. Je te le garantis. 

                À cet instant, la porte de la chambre s’ouvrit, laissant passer les infirmiers accompagnés d’un garde. Darwin comprit le message. Il s’approcha de Khasan. Il posa une main sur son épaule. 

    — Fais-moi confiance. Plus personne ne te touchera sans ton consentement. Tu voulais savoir la raison. Tu as le sourire un peu idiot de mon petit frère. Il est mort d’un cancer foudroyant le jour de ton arrivée en prison. C’est un peu con, non comme raison ? 


  • Commentaires

    1
    Jeudi 22 Avril 2021 à 00:06

    Pauvre Fang, obligé de choisir entre ses enfants ou sa femme dont on ne sait pas quel sort lui est réservé. J'aimerais bien en savoir un peu plus sur ce fameux clown . Quant à Meng, on comprend sa terrible colère contre ceux qui ont enlevé ses fils.

    Pour Khasan, c'est terrible ce qui lui est arrivé, espérons que Darwin qui l'a pris sous sa protection continuera de veiller à ce qu'il ne lui arriverien de grave à nouveau.

    J'ai beaucoup aimé ce chapître et il me tarde d'en connaitre la suite.cool

      • Jeudi 22 Avril 2021 à 00:38

        Merci beaucoup pour ton commentaire. 

        Oui, ça a été un vrai déchirement à faire ce choix. J'en avais les larmes aux yeux tellement c'était terrible. Et pour Meng, je suis contente d'avoir réussi à montrer sa colère. 

        Pour Khasan, il va bientôt avoir le meilleur des gardes du corps. 

        Ah ! Et je n'oublie pas le clown. Je penserais à en parler plus approfondissement de ce type. ^^

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    Lundi 10 Mai 2021 à 08:56

    Tes persos ne sont pas gâtés. Les pauvres. C'est un chapitre plein de douleurs et de choix... Je n'aimerais pas être à leur place. J'aime toujours autant te lire. Merci pour cette magnifique  histoire

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