• Chapitre 1

     

    C’était le troisième jour d’école et déjà Akira était en retard. Tout cela par la faute de son petit frère ne voulant pas aller à la crèche. Il avait fait une telle crise de larmes. Il n’avait pas pu s’en aller tant qu’elle n’était pas terminée. Les assistantes maternelles lui étaient très reconnaissantes pour sa patience. Akira soupira. Heureusement qu’il était bon dans la course à pied.

     

    Il arriva finalement au moment même où la sonnerie de début des cours se mit à retentir. Il pénétra dans sa classe très bruyante et balaya la salle du regard. Une jeune fille, mignonne aux longs cheveux châtain, lui faisait signe du fond de la salle. Tout en s’approchant de sa place, il reçut quelques commentaires sur la chance qu’il avait d’être ami avec la plus jolie fille du lycée. Ils se connaissaient depuis leur première année de collège. 

     

    Mili Davenport était alors ennuyée par les troisièmes années et sans trop savoir pourquoi il était intervenu. Les aînés n’avaient pas trop cherché à l’ennuyer, malgré son jeune âge, il les dépassait déjà d’une bonne tête. Depuis, la jeune fille était devenue une excellente amie. Mili s’était vite aperçu d’un détail chez son camarade. Celui-ci préférait les hommes et il ne l’avait pas caché à son amie et qu’il avait un petit ami plus âgé. 

     

           Mili regarda son camarade de classe et de cœur s’approcher. Elle trouvait que le destin pouvait être cruel. Le garçon dont elle était amoureuse ne la regarderait jamais comme elle aurait voulu. Elle ne lui en voulait pas. Après tout, il n’était pas responsable et depuis, elle s’était fait une raison. Ensuite, elle se disait souvent que c’était mieux ainsi, car jamais elle n’aurait pu gérer sa jalousie envers les autres filles. Akira par sa taille, son sourire et sa gaieté faisait l’unanimité auprès des filles du lycée. Il avait reçu d’innombrables demandes de filles, comme de garçons d’ailleurs. Il les avait tous refusés. La jeune fille savait très bien pourquoi étant donné qu’elle avait eu la chance ou le malheur de faire la connaissance du petit ami d’Akira.

     

    — Salut Mili ! Comment va depuis hier ?

     

    — Coucou Aki ! T’as failli être en retard !

     

    — Ne m’en parle pas ! Shin ne voulait pas aller à la crèche.

     

    Le professeur fit son entrée dans la classe et les conversations se turent aussitôt. 

     

    — Bonjour à tous ! Aujourd’hui, nous allons accueillir un nouvel élève. J’espère que vous lui ferez un accueil chaleureux. 

     

    Chapitre 1

     

    Le professeur se dirigea de nouveau vers la porte et fit entrer un garçon de taille moyenne. Mili n’aperçut pas tout de suite son visage, car il fixait le sol. Il portait une chemise blanche avec un jean usé. Sa peau blanche contrastait avec ses cheveux noir corbeau. Sa main gauche était bandée. Le garçon s’arrêta près du bureau et releva enfin son visage. La jeune fille le trouva très beau, mais d’une beauté très différente de celle d’Akira. Le nouveau balaya la salle de son regard noir légèrement bridé sans broncher. Akira se pencha un peu vers sa camarade et lui murmura :

     

    — Il a dû avoir un accident. Il a encore des marques sur le visage.

     

    En observant mieux, la jeune fille remarqua les marques un peu jaunâtres sur un coin du menton et d’une tempe. Elle hocha la tête. Finalement, le nouvel élève prit la parole après avoir jeté un coup d’œil vers le visage impatient du professeur. À ce moment-là, une ombre de tristesse passa un instant dans le regard de l’élève.

     

    — Bonjour, je me nomme Carlin Oda. Enchanté de faire votre connaissance.

     

    Carlin n’en pensait pas un mot, mais pour les convenances, il s’y obligea. Le professeur lui conseilla de se trouver une place. Il s’installa à une table seule juste à côté de celle de Mili. Elle le salua chaleureusement. En réponse, elle eut simplement droit à un regard indifférent. 

     

    Chapitre 1

     

    Les jours suivants se passèrentexactement de la même manière. Le nouvel élève ne fit aucune tentative pour s’intégrer à la classe. Une bonne partie de ces camarades acceptèrent sans réticence son repli, mais les autres trouvèrent son attitude inadmissible. Ils en discutèrent entre eux à la cantine. Akira et Mili furent obligés de les écouter déblatérer sur le nouveau pendant tout le repas. Les deux jeunes gens pensaient que le mieux serait de lui laisser le temps de s’habituer un peu mieux à son nouveau lycée.

     

    — Écoute Marlon, il semble qu’il a eu un accident, alors il doit être juste un peu perturbé. Laisse-le reprendre ses repères, expliqua Akira. 

     

    Marlon, le casse-pied de la classe, ne l’écouterait surement pas et chercherait certainement des ennuis au nouveau. Mais, Akira se dit que cela ne le concernait pas le moins du monde. Après le repas, il salua d’un signe Mili qui rejoignait ses amies. Le jeune homme se dirigea, quant à lui, d’un pas rapide, vers les escaliers menant vers le toit. En passant près d’une salle, il aperçut les frères Miori, les prétendues terreurs du lycée. Que faisaient-ils à leur étage ? Dans une classe n’étant pas la leur, ils auraient dû être dans leur section… Il ralentit. Tout en se demandant ce qu'ils pouvaient bien y faire, il se cacha un peu et observa la scène. Il eut la surprise d’apercevoir la silhouette du nouveau. Il semblait bien que les ennuis venaient de faire leur apparition.

     

    Chapitre 1

     

    — Alors comme ça, tu es toujours vivant ! Constata le plus grand des frères Miori.

     

    Carlin leva les yeux de son carnet à dessin et observa un instant les deux frères en silence. L’un d’eux répliqua :

     

    — Tu joues encore les silencieux ? N’as-tu pas encore compris que tous les ennuis que tu as subis, c’est à cause de cette attitude ?

     

    Le garçon soupira en baissant son regard vers ses mains avant de relever les yeux et de fixer ses interlocuteurs.

     

     — Les ennuis ? C’est à cause de vous si j’en ai eu ! Je n’avais rien fait pour attirer votre attention. Vous avez décidé un jour que je serais votre victime et vous ne vous êtes pas gênés pour le faire. Que vouliez-vous que je fasse ? Vous étiez cinq et j’étais seul. Vous vouliez que je me batte avec vous ? Laissez-moi rire ! Je n’avais aucune chance et vous le savez très bien.

     

    Renko passa une main un peu nerveuse dans ses cheveux bruns mi-longs. Il tira une chaise et s’installa à califourchon. Il posa les coudes sur le dossier tout en observant le visage magnifique de leur ancienne victime. Le garçon avait bien grandi, mais il semblait toujours pareil à son souvenir, un peu trop indifférent et encore apathique par moment. Au bout d’un certain temps, le garçon demanda :

     

    — Je me suis toujours demandé ce qu’il vous était arrivé après avoir empêché Ludwig de me frapper à nouveau. C’est la dernière fois que je vous ai vus tous les deux.

     

    — Alors là ! C’est une surprise… Alors, tu t’inquiètes tout de même pour les gens qui t’entourent ? Ça, c’est une nouveauté !

     

    — Youji, ça suffit !

     

    — Mais enfin Renko, c’est à cause de lui que tu t’es battu avec ton ami d’enfance. Peut-être est-il même responsable de la mort de Ludwig.

     

    — Ferme-la, Youji ! Tu vas trop loin ! 

     

    Le jeune homme sentit le regard noir de Carlin sur lui. Il se sentait troubler comme un an auparavant. C’est vrai qu’il était triste et il avait même pleuré en apprenant la mort de Ludwig. Mais… Renko se redressa et attrapa son frère par le bras. Il se dirigea vers la porte. Il se tourna un instant et croisa un noir regard. Il lui fit juste un signe de tête avant de disparaitre. Akira sortit de sa cachette et jeta un coup d’œil vers la salle de classe. Le nouveau regardait son carnet à dessin d’un air absent. Comment devait-il réagir face à ce qu’il avait entendu ? Le jeune homme porta ses deux mains sur la tête avant de souffler un bon coup et de se secouer.


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  • Prologue

     

    Le soleil se levait doucement sur une ville encore à moitié endormie, illuminant de sa chaleur tous les foyers environnants. Dans l’un d’eux, une femme énergique préparait avec tendresse le petit déjeuner pour son fainéant de fils. Avec le sourire, elle dressait la table avant de se diriger à l’étage où elle frappa à la première porte. N’obtenant aucune réponse, elle soupira avec un petit rire et entra dans la pièce. 

     

    La chambre n’était pas très grande et peu meublée. Une légère tristesse traversa un instant le regard noisette de la mère. La seule touche personnelle de la pièce aux murs désespérément blanc était le carnet à dessin sur la commode. La mère s’en approcha sans trop faire de bruit. Son fils n’aimait pas que l’on regarde ses dessins sans sa permission. Après avoir juste jeté un coup d’œil vers la forme encore endormie, elle ouvrit le carnet. La première page représentait un jardin d’enfants. Même si la scène était dessinée en noir et blanc, la mère n’eut aucun mal à imaginer les couleurs et la joie de vivre des enfants ainsi représentés.

     

    Elle était fière de son fils. Il avait énormément de talent, c’était indéniable, mais elle savait aussi qu’à cause de sa nature artistique, égocentrique et réservée, il ne s’attirait pas toutes les sympathies que ce soit des enfants de son âge ou des adultes qui l'entouraient. En entendant du bruit, elle referma rapidement le carnet. Elle s’approcha du lit et se pencha vers son fils. Elle lui caressa tendrement les cheveux tout en l’embrassant sur le front.

     

    Prologue

    - Debout, mon ange ! Si tu continues à jouer à la marmotte, tu n’auras pas le temps de déjeuner.

     

    Le garçon repoussa sa couette et se redressa rapidement en frottant ses yeux encore ensommeillés. La mère eut juste le temps de se redresser pour éviter un coup. Le garçon jeta un coup d’œil encoin et sourit à sa mère.

     

    - B'jour Mam. Qu'est-ce que tu fais ?

     

    - Ce que je fais ? Je suis venue réveiller une marmotte qui a failli m’assommer !

     

    Carlin, tel était le prénom du jeune garçon, s’étira comme un chat avant de se lever pour se rendre dans la salle de bain puis dans la cuisine où sa mère servit son petit déjeuner. Comme d'habitude, il mangea en silence. Ce n’est pas qu’il n’aimait pas la compagnie, c’est juste qu’il trouvait très fatigant de parler. Il préférait écouter et regarder. L’inconvénient de cette situation, c’est que les autres ne comprenaient pas son attitude et certains le traitaient comme un paria, tandis que d'autres le méprisait et le jalousait. 

     

    Carlin ne voyait pas pourquoi on pouvait être jaloux de lui. Il n’avait rien d’extraordinaire. Il vivait seul avec sa mère depuis que son père violent avait perdu tout droit sur lui et s’était retrouvé enfermé à vie pour violence conjugale et meurtre. Tout cela remontait déjà à sept ans. À l’époque, Carlin venait d’atteindre sans trop savoir comment ses six ans. Sur son corps grandissant, les cicatrices que son père lui avait faitesne disparaissaient pas et ne partiraient jamais. Toujours en silence, le garçon partit au collège en sachant pertinemment que les aînés, les lycéens seraient là comme d'habitude à l’attendre devant la porte pour le racketter. Ses camarades de classe feraient comme s’ils ne voyaient rien. Ils avaient trop peur de ces garçons de grande taille et ceux-ci en profitaient à merveille. 

    Prologue

    Personnellement, Carlin n’avait pas peur d’eux, mais il savait qu’il était trop petit, trop chétif pour leur tenir tête. Alors, il leur donnait sans rechigner ce qu’ils demandaient. Comme prévu, les lycéens se tenaient bel et bien devant les grilles. Ils l’aperçurent et vinrent à sa rencontre. Ils étaient cinq en tout, Ludwig le chef, Gustav, Renko, son petit frère Youji et Liam. Les cinq tyrans du lycée voisin du collège, celui que logiquement, Carlin finirait par intégrer l’année suivante.

     

    - Mon petit Carlin, cela faisait longtemps que nous ne t’avions pas vu, susurra Ludwig.

     

    Le garçon leva ses yeux noirs vers le grand jeune homme face à lui et soupira. À cause d’eux, il allait être en retard et le professeur lui donneraitencore une punition. La seule réponse que le lycéen reçut fut un haussement d’épaules. Ludwig en avait assez de ce garçon stoïque. Quoi qu’il lui fasse, il ne réagissait pas. Qu’est-ce qu’il avait ce garçon ? N’avait-il aucun sentiment, aucune émotion, aucune fierté ? Finalement, Carlin sortit son portefeuille, y prit son argent de poche et le tendit aux  lycéens. Surpris, ils jetèrent un coup d’œil vers leur chef. Ludwig semblait en colère. D’ailleurs, sa réponse ne se fit pasattendre. Son poing frappa Carlin au visage. Celui-ci reçut le coup sans broncher et tomba lourdement sur le sol.

     

    Renko semblait un peu surpris par la réaction de Ludwig, mais il l’était encore plus par celle de leur victime. Ses amis et lui avaient choisi Carlin comme cible, à cause de son côté fragile, chétif, mais aussi parce que pour un mec, il était beau. Pas de façon efféminée, loin de là ! Il attirait facilement le regard sur lui. Il était de taille moyenne, un visage ovale au teint pâle surmonté d'une touffe de cheveux noir corbeau coupé un peu n'importe comment, au ras des épaules. Mais en même temps, son regard noir intimidait et rendait mal à l’aise toute personne qui le croisait. Ludwig avait décidé alors d’enfaire leur bouc émissaire pour cette année tout en sachant qu’ils le reverraient dans leur propre lycée l’année suivante. 

     

    Mais contrairement ce garçon n’agissait pas comme les autres victimes de la bande. Bien au contraire, il ne semblait pas avoir peur d’eux, il les regardait toujours droit dans les yeux et ne les baissait jamais même après avoir reçu des dizaines de coups. Aujourd’hui, c’était quand même la première fois que Ludwig le frappait au visage. Cela ne semblait pas déranger le garçon qui se redressait déjà en portant juste une main vers sa bouche pour essuyer le sang. Il s’était mordu la langue. Renko remarqua aussitôt que Carlin fixait Ludwig comme s’il le narguait afin qu'il recommence. Renko vit le bras de son ami se lever. Alors sans trop savoir pourquoi, il l’arrêta. Il se rendit compte que son frère en avait fait autant.

     

    - Laisse tomber Ludwig ! Ça ne sert à rien !

     

    - Comment ça laisse tomber ? Il me nargue et je ne devrais rien faire, rien dire ? Qui fait la loi ici ?

     

    Renko et Youji eurent du mal à retenir leur ami. Finalement, Liam et Gustav les aidèrent. L’un d’eux lança :

     

    - Fiche le camp, sale petit merdeux !

     

    Toujours aussi silencieux, Carlin les contourna en courant pour gagner le collège sous le regard inquiet des deux frères. Ils savaient bien que Ludwig ne se calmerait que quand leur victime ne serait plus qu’une tache de sang sur le sol. Le collégien venait de se faire un ennemi mortel. Combien de temps lui restait-il ?


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